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Premier par vers la réinvention

Comme l’innovation, la réinvention n’est pas un événement. C’est un chemin ininterrompu de découvertes et un process sans fin de créativité qui s’intègre à sa culture d’entreprise. Pour cela, êtes vous capable de vous réinventer ?

Peu importe le nombre de prix remporté, le succès passé ou le résultat financier. Car vous risquez de tout perdre à partir du moment ou vous jugez que votre réussite est acquise. En revanche, rappelez-vous que nous vivons dans un monde volatile. Comme il l’est dit dans l’industrie du cinéma : vous êtes aussi bon que votre dernier film. Ce qui rend la réinvention plus que nécessaire.

Un jour une entreprise vous poussera à la famille. Cette entreprise sera sans doute moins ancienne que la vôtre. Ses dirigeants moins expérimentée que les vôtres. Et le pire, est que cette entreprise ne vous prendra pas par surprise. Vous l’aurez vu venir de loin !

Vous en aurez peut-être même rencontré ses dirigeants, quand leur entreprise n’était qu’une idée, et qu’ils souhaitaient la partager avec vous. Mais vous jugerez l’idée mauvaise et ne portant pas assez de perspective économique, ou pas crédible…

Faire le saut vers la réinvention

Débuter un projet de réinvention est le plus compliqué et le plus important.

Le plus compliqué, car le commencement de la réinvention est en réalité la conclusion d’un long parcours de prise de conscience. Celle d’avoir besoin de se remettre en question et de la réflexion du bien-fondé de briser une période parfois longue d’attentisme et d’immobilisme. Pourquoi changer quand tout va bien (featuring Nespresso).

ais n’attendez pas à une douce mélopée. La réussite provient d’une détermination sans faille et d’une persistance sans cesse renouvelée. La réinvention ne sera pas une balade de tout repos, car toutes vos certitudes vont être malmenées. 

Contrairement au terme de transformation ou de changement. Il s’agit ici d’aller plus loin qu’un coup de polish pour s’adapter au monde comme on met une cravate pour aller à l’opéra. Il s’agit de se regarder dans le miroir pour se demander si l’on peut et si l’on veut aller à l’opéra.

Dans la réinvention, il y a d’abord une remise en cause : nos valeurs et nos pratiques business sont elles toujours adaptées au monde actuel ? C’est ce que fait Total. Pour cela ils organisant un groupe de travail interdisciplinaire sur valider l’adaptation de ses 4 attitudes à la société. Ces attitudes sont solidarité, audace, écoute et transversalité. En tout cas jusqu’à ce que ces attitudes soient challengées par les participants et que le projet soit rapidement enterré.

Reboot, une expérience de réinvention

Petite parenthèse pour préciser que Reboot n’est pas à confondre avec “remake” ou ce que les américains appellent le “Reimagining”.

  • Remake est la même histoire qui est modernisée avec un casting qui a changé : “True lies” et “La totale”
  • Reimagining prend le contexte ou l’intrigue de la version originale, mais explore de nouveaux territoires : “La planète des singes”
  • Reboot prend le parti que l’original n’a jamais existé : Spiderman, James Bond, superman, etc. 

Dans la même série, ne pas confondre Réinvention avec un mot très utilisé dans les années 1990/2000 : “Réorganisation”

 RéorganisationRéinvention
DuréeAprès un événement marquant qui a eu un effet sur les résultats ou l’image de l’entreprise
Pas de raison particulière si ce n’est la volonté de rester adapté au monde (“relevance“)
CaractéristiquesPratique permettant de remonter la pente en utilisant licenciements et chasse aux coûtsAugmentation des investissements en innovation, déploiement de méthodes de créativité, développement d’une culture de l’innovation et réflexion sur l’avenir à laquelle participent tous les collaborateurs
RésultatsBaisse de moral et de confiance dans l’entrepriseResserre les liens et responsabilise les collaborateurs dans leur rôle à jouer dans l’avenir de leur entreprise

Les réorganisations ne sont pas des réinventions car :

  • Elles sont souvent précipitées par un événement et déclenchent une réaction orientée court terme. Elles sont souvent suivies par le licenciement de personnels proches du client et du produit. L’objectif est de garder l’entreprise à flot. On pense à survivre demain, par à se développer après-demain. Typiquement, le résultat de cette approche est d’instaurer la peur pour les survivants des plans sociaux, ce qui détruit toute velléité créative.
  • Lorsque la réorganisation est nécessaire…il est souvent trop tard. Se réorganiser ne signifie pas se remettre en cause mais faire différemment avec moins de moyens.

Voir la fin en face

Avant de crier à la disruption et de dénoncer une startup quelconque qui utilise un “unfair advantage”. Commencez par chercher en votre sein les raisons de leur échec. Trop facile de dénoncer Uber quand de son coté on n’a jamais pris en compte l’insatisfaction client. Encore plus simple si vous n’avez jamais prévu que la géolocalisation pouvait être un outil fantastique d’efficacité. Inutile de dénoncer les sites de téléchargement ou l’abstentionnisme… Euh, là je m’emballe.

Se réinventer régulièrement doit permettre d’éviter de tomber dans la spirale insidieuse du déclin permanent. Tout est en déclin à tout moment : la volonté, la motivation, l’envie de changer, la capacité à prendre des risques, même ses capacités créatives. Tout décline et nous ne nous en rendons très rarement compte puisque nous appartenons au système qui refuse de se regarder en face. Jusqu’ici tout va bien.

Mais voilà, je l’ai vu partout dans le monde. En France avec les 35 heures, en Australie avec la réforme sur la superannuation ou en ce moment en Angleterre avec la réforme syndicale “Trade Union Reform”. Le dirigeant est presque systématiquement en réaction d’un événement qu’il sait de longue date arriver. Cette idée de proactivité commence doucement a faire son entrée dans certaines entreprises “éclairées” qui organisent de façon plus ou moins formelle et permanente des groupes tendances.

Scenario planning pour imaginer sa réinvention

Le plus connu étant Shell qui publie depuis 40 ans un Scénario prospectif dont la création implique plusieurs milliers de salariés. ORES, un distributeur de Gaz et électricité Belge a aussi commencé à avancer sur des groupes tendances. À cet effet, l’équipe dirigeante a rassemblé des collaborateurs travaillant sur différents sujets. Sujets qui vont des PPP au recrutement sur les réseaux sociaux.

Cette entreprise a d’ailleurs été précurseur dans l’utilisation du Trendstorming.

Trendstorrming version beta pour la réinvention

Voir devant et voir loin demande de prendre conscience qu’une entreprise comme un individu va mourir un jour.

A l’image d’un post-it collé sur l’un des frigos de la cafétéria de Airbnb sur lequel est inscrit “What could kill us?”, une entreprise souhaitant se réinventer doit déjà se poser quatre questions :

  • Qu’est ce qui en interne peut nuire à notre compétitivité ? En terme de process, de relations humaines, d’engagement salarié, de relation client, etc.
  • Quel est le petit détail dont nous avons cessé de nous inquiéter qui pourrait nous amener à un réveil difficile ?
  • Quelles sont les raisons que nos clients donnent quand ils nous quittent et et qui n’étaient jamais données avant ?
  • Quels sont les business models qui pourraient menacer le nôtre ?

Ce n’est pas très positif de voir ce qui pourrait mal tourner plutôt que de se demander ce qui pourrait être fait pour se développer. Mais il faut commencer par s’inquiéter de ne plus être pertinent…

6 commentaires

  1. Bravo pour ce nouveau site et cet article “détonnant”.
    Je rajouterai que dans l’histoire des espèces (ie l’évolution), la sélection s’exerce sur une diversité de caractères… la diversité précède donc la sélection : ie, il vaut mieux avoir, dans une organisation, un peu d’hétérogénéité des genres pour survivre. L’iconoclasme comme source de créativité et de résilience du collectif.

  2. bonsoir,
    après avoir si subtilement listé les qualités/défauts de l’iconoclaste, voulez-vous nous guider sur la recette à adopter pour éviter : le classement vertical du CV dérangeant, l’avortement des des initiatives créatives, la quarantaine à la première aubaine, la mise au placard de l’avatar, l’exil, l’exit, bref toute la grosse artillerie de notre – cher – monde contre l’individu rêveur éveillé, déstabilisateur des modèles établis, créateurs de conflits malgré lui, destructeur de valeurs sans coeur ?
    A part faire cavalier (ou amazone !) seul et surfer dans l’indépendance, je rends feuille blanche sur le sujet.
    Dans l’attente de vous lire et de me délecter,
    Sincèrement.

    ————-
    Merci pour cet excellent commentaire.
    Ca risque de prendre encore un peu de temps mais l’avenir nous appartient !

  3. Bonjour, et merci beaucoup pour ce blog dont je me délecte depuis l’aube.
    Je me reconnais pleinement dans votre description et je vous confirme qu’être un iconoclaste dans les organisations et ou la société n’est pas des plus aisé je dirais même que nous sommes “comme tous génies” ( ca c’est pour mon ego et estime de soi) de profond incompris qui font peur aux managers et la résultante que vous avez très bien résumé : placard ou à la porte est une dure et délicate réalité d’autant plus si on le replace sous le prisme ( c’était pour ne pas utiliser paradoxe 😉 de mon métier le recrutement.
    je suis perpétuellement confronté a ce dilemme un manager ne veut pas recruter des compétences qui s’inscrivent dans un système complexe mais des clones,combien de fois en 15ans ai je entendu : “je voudrais un profil comme M ou Mme X”?
    le paradoxe voila je l’ai placé c’est que notre matière c’est l’humain, l’individu et dans ce mot tout est dit
    alors en conclusion ami(e)s Iconoclastes, la lutte continue, les génies seront toujours des incompris et gardons a l’esprit qu’il n’y a pas de mauvaises idées juste un time to market qu’il faut savoir appréhender.
    et tant que les baguettes magiques n’existeront pas il faudra être patient et jouer son rôle d’influenceur avec modestie et pragmatisme.
    Car meme sous la pression Darwinienne, il faut beaucoup de temps pour transformer les sociétés (a lire dans sa polysémie).
    Emmanuel

  4. Bonjour et merci pour cet article qui me donne des pistes à approfondir pour mon mémoire sur l’audace et l’innovation.
    On dit souvent qu’il faut prendre des risques pour être innovant ou créer son entreprise. Qu’en pensez-vous ?

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