L'art de désapprendre

L’art de désapprendre

Le concept de l’art de désapprendre se résume en une citation : “Ayez méfiance à l’égard de tout ce que vous avez appris jusqu’à ce jour. Partez du point de vue qu’il faut tout désapprendre, sauf ce que vous avez été capable de vous réapproprier.”

Rodolphe Huisman “Agricola”, Philosophe, 1442-1485.

L'art de désapprendre

Désapprendre est la base de la philosophie de la transformation.

Dans un monde en constante transformation, il est impératif d’adapter nos compétences, nos croyances, nos savoir-faire et nos comportements pour rester en phase avec les défis et les opportunités qui se présentent. Traduction, l’art de désapprendre, ou l’aptitude à déconstruire et à éliminer les anciennes connaissances et habitudes, est une compétence cruciale à embrasser le changement et favoriser une croissance personnelle durable.

Cette transformation ne demande pas seulement de questionner les informations que nous recevons et leurs sources, notamment à l’ère des “Fake-news”. Ce n’est pas parce que vous avez l’esprit critique, que pour autant, vous êtes capable de désapprendre.

La singularité du désapprentissage demande d’aller plus loin en se “déconditionnant”, en retirant les barrières qui obscurcissent notre jugement et de :

  • Prendre du recul vis-à-vis des connaissances que vous possédez.
  • Identifier depuis quand vous en disposez pour en juger la pertinence.
  • Faire le tri entre ce que vous savez parce que vous avez appris d’autrui et de ce qui vient de vous.
  • Choisir ce qui mérite d’être retenu de ce qui devrait être oublié pour cause d’obsolescence.
  • Prendre conscience de vos “Croyances” surtout celle qui sont limitantes.

Un savoir “prêt à porter” ou “sur-mesure” pour désapprendre ?

L’info “Prêt-à-porter est la même pour tous. Elle est propagée par les médias ou le bouche à oreille “j’ai entendu que…, j’ai lu quelque part que…”. Ce type d’info est à la connaissance ce que l’écran Plasma est à la grande consommation avant une coupe du monde de foot : produite en masse et marketée pour toucher le maximum de personnes : marchez 10 000 pas par jour ou managez pour améliorer la performance. Il y a un cerveau gauche créatif et un cerveau droit rationnelNapoléon était petitEinstein était mauvais élève.

Des informations communément admises qui sont fausses. Gouvernement, amis, journaux, bloggeurs… Des infos trop faciles à répéter, même sans les lire. Il suffit de la retweeter.

Mais au-delà de faire le tri entre ce qu’il faut retenir de ce qu’il faut ignorer, il s’agit aussi de se poser la question de son identité face à celle de ces “maîtres” transmetteurs de savoirs – qu’ils soient profs, journalistes, auteurs de blogs ou de bouquins – et de valider l’alignement de ces sources avec vos valeurs, tout en identifiant l’effet que ce savoir peut avoir sur vous-même. Êtes-vous un vecteur de transmission de ces idées, ou apportez-vous votre pierre pour adapter, faire évoluer ou challenger ces idées avec les moyens dont vous disposez ? Votre cerveau sera suffisant.

Vous êtes ce que vous savez…et répétez

Ces idées doivent être personnalisées en fonction de votre identité et du but que vous souhaitez atteindre. Cela vous aidera à trouver votre différence et vous évitera de copier – ou bêtement répéter – pour concevoir votre fameuse “marque personnelle” qui ne s’arrête pas à la création d’un compte Twitter ou à la publication de votre CV sur Viadeo !

Prenez le contre-pied de ces idées prêtes à être répétées, incorporez-y vos rêves, votre personnalité, un peu de bizarrerie et d’humour. Trouvez votre “vache pourpre”, votre “alternative nomade” ou votre “Intelligence collective”. Bref, des idées “haute couture”, dont les auteurs sont clairement identifiés.

Vous ne pouvez pas porter les mêmes pensées et croyances toute votre vie. Vous ne souhaitez pas ressembler à tout le monde, que ce soit votre voisin ou votre beau-frère. Ne suivez plus les idées pré mâchées prêts à l’emploi, personnalisez-les et soyez prêts à les abandonner dès que vous voyez que d’autres les ont reprises à leur compte. Une mode en remplace une autre.

De toute façon, l’info est consommable et les idées périssables !

En d’autres mots : ne faites pas confiance en votre expérience et votre sens critique pour identifier le “bullshit” et votre imagination pour inventer…la suite.

art de désapprendre

Pourquoi l’art de désapprendre est-il si important ?

Pour lutter contre les croyances limitantes tueuses d’innovation.

Les croyances limitantes sont généralement le résultat de nos expériences passées, de notre éducation et de notre environnement social. Ces croyances s’installent dans notre esprit de manière inconsciente et nous influencent tout au long de notre vie.

Les conséquences négatives sont que les croyances limitantes peuvent nous empêcher de saisir des opportunités, d’atteindre nos objectifs et de vivre une vie épanouissante. Elles génèrent des pensées négatives et de l’auto-sabotage, entravant ainsi notre développement personnel et professionnel.

Dans le cadre de l’innovation, elles nous empêchent de voir ce qui n’est pas là, car elles nous maintiennent dans nos habitudes et dans la sécurité et ne nous encouragent pas à voir une situation sous un nouvel angle. Nous sommes enfermés dans ce que nous pensons être la vérité.

Les avantages de désapprendre

Remettre en question ses connaissances est un apprentissage et repose sur la volonté de remettre en question ses connaissances et ses croyances régulièrement et continuellement sans tomber dans le piège de la remise en question perpétuelle. Parmi ces avantages, vous trouverez les critères suivants :

  • Une plus grande flexibilité. En prenant le réflexe de remettre en question les croyances et habitudes limitantes, nous devenons plus flexibles dans notre façon de penser et d’agir. Cela nous permet de nous adapter plus rapidement aux changements et de saisir de nouvelles opportunités.
  • Un esprit plus ouvert. L’art de désapprendre nous aide à développer un esprit plus ouvert et réceptif aux nouvelles idées et perspectives. Cette ouverture d’esprit est cruciale pour notre développement personnel et professionnel.
  • Une meilleure adaptabilité. En apprenant à désapprendre, nous devenons plus adaptables face aux défis et aux changements inévitables de la vie. Cette adaptabilité nous permet de surmonter les obstacles et de continuer à progresser malgré les difficultés rencontrées.

Les étapes clé de l’art de désapprendre

Prendre conscience de nos croyances et habitudes

Pour cela, pas de secret, il faut être capable d’auto-réflexion et de pensée critique. Et d’un peu de sens artistique.

Pour l’auto-réflexion, rien ne vaut de parcourir la liste de biais cognitif pour réaliser que notre cerveau peut nous jouer des tours. L’auto-réflexion est une étape essentielle pour prendre conscience de nos croyances et habitudes limitantes. Il s’agit de prendre un temps pour analyser notre façon de penser et d’agir, et de reconnaître les schémas négatifs qui nous empêchent d’avancer.

Les biais cognitifs sont des erreurs systématiques de pensée qui affectent notre jugement et notre prise de décision. Ils proviennent de la manière dont notre cerveau traite l’information, et peuvent souvent nous conduire à des conclusions erronées ou illogiques.

Voici quelques signes qui peuvent indiquer que vous êtes sujet aux biais cognitifs:

  1. Confirmation de vos croyances : si vous avez tendance à rechercher, interpréter et privilégier les informations qui confirment vos croyances préexistantes, vous êtes peut-être victime du biais de confirmation. Essayez de ne pas reproduire cette erreur.
  2. Jugements basés sur des stéréotypes : si vous tirez des conclusions rapides sur les personnes ou les situations en vous basant sur des stéréotypes, cela peut indiquer un biais cognitif.
  3. Raisonnement émotionnel : si vos émotions influencent fortement vos décisions ou votre pensée, cela peut indiquer un biais affectif. Ce postulat ne remet pas en cause l’importance de l’émotion, mais demande une posture de prise de recul sur celles-ci.
  4. Influence de l’ancrage : Si vous avez tendance à vous fier à la première information que vous recevez lors de la prise de décision, vous pourriez être victime du biais d’ancrage.
  5. Effet de groupe : si vous avez tendance à suivre les opinions et les comportements des autres, même si vous n’êtes pas d’accord, vous pourriez être influencé par le biais de conformité.
  6. Surévaluation de vos compétences : si vous surestimez systématiquement vos compétences ou vos connaissances, vous êtes peut-être victime de l’excès de confiance.

Pour lutter contre ces biais, il est important de développer une conscience de soi. Questionnez vos croyances et demandez-vous si elles sont fondées sur des preuves solides. Essayez d’examiner les situations sous différents angles et cherchez des informations contradictoires pour évaluer vos idées de manière plus objective. Enfin, n’hésitez pas à demander l’avis d’autres personnes pour obtenir des perspectives différentes et remettre en question vos propres biais pour devenir un expert de la prise de recul.

Développez votre pensée critique.

Concernant la pensée critique, vous devez prendre certaines habitudes mentales. Tout changement inédit de paradigme a forcément un effet émotionnel à cause de la rupture avec l’habitude. À vous d’apprendre à faire face à l’inconfort engendré en questionnant consciemment, d’un point de vue extérieur les raisons de ce changement.

Voici quelques conseils pour cultiver cette compétence dont l’enjeu n’est ni plus ni moins que de faciliter l’accumulation de votre capacité à utiliser de nouveaux outils pour accompagner le changement :

  1. Éveillez votre curiosité : posez des questions sur le sujet qui vous intéresse et cherchez activement des réponses. Essayez d’explorer diverses perspectives et sources d’information pour avoir une vision globale.
  2. Informez-vous sur l’art de désapprendre : recherchez des informations fiables et vérifiables concernant les nouveaux usages. Consultez plusieurs sources d’information et comparez-les pour déceler les divergences et les similitudes.
  3. Analysez les arguments : identifiez les arguments principaux et examinez leur pertinence, leur cohérence et leur validité. Apprenez à repérer les sophismes et les fausses évidences.
  4. Développez l’empathie : essayez de comprendre les points de vue des autres, même si vous ne les partagez pas. Cela vous aidera à être plus ouvert et à mieux saisir la diversité des opinions.
  5. Soyez conscient de vos propres biais : prenez conscience de vos propres préjugés et biais cognitifs, et apprenez à les remettre en question. Cela vous permettra de développer une pensée plus objective et nuancée.
  6. Pensez logiquement : utilisez la logique pour évaluer les arguments et les preuves. Apprenez à distinguer les faits des opinions, et à hiérarchiser les éléments en fonction de leur importance et de leur pertinence.
  7. Pratiquez la réflexion : prenez le temps de réfléchir à vos propres idées, valeurs et croyances. Questionnez-les régulièrement pour vérifier leur validité et leur pertinence.
  8. Discutez avec d’autres personnes : échangez avec des personnes ayant des opinions différentes des vôtres. Cela vous permettra d’enrichir votre réflexion et de mieux comprendre les différentes facettes d’un problème.
  9. Soyez ouvert d’esprit : acceptez que vos opinions puissent être remises en question et que vous puissiez vous tromper. Être ouvert au changement et à l’apprentissage est essentiel pour développer la pensée critique.
  10. Exercez-vous régulièrement : la pensée critique est une compétence qui se développe avec la pratique. Entraînez-vous à l’appliquer dans différents domaines et situations pour l’améliorer progressivement.

Désapprendre et remplacer ce que vous avez désappris

L’art de désapprendre sait que la nature déteste le vide. Vous devez remplacer ce qui ne fonctionne plus par une nouvelle information à jour. Pour cela, vous disposez de plusieurs techniques :

Les techniques de désapprentissage tel que la thérapie cognitivo-comportementale. Je pourrais aussi vous parler d’auto-hypnose ou de programmation neuro-linguistique (PNL), mais là, ça dépasse mon expertise. Chacune de ces méthodes vise à déconstruire et à éliminer les schémas de pensée négatifs, tout en renforçant les croyances et habitudes positives.

La construction de nouvelles croyances et habitudes. Une fois que nous avons réussi à désapprendre une croyance ou une habitude limitante, il est crucial de la remplacer par une nouvelle croyance ou habitude plus adaptée et bénéfique. Cela peut inclure la mise en place de routines quotidiennes, la fixation d’objectifs clairs, ou encore l’adoption de stratégies de gestion du stress et des émotions.

D’un point de vue professionnel, ces méthodes doivent vous aider, vous débarrasser des méthodes de travail obsolètes en appliquant l’art de désapprendre, vous pouvez abandonner ces méthodes et adopter de nouvelles approches plus efficaces et innovantes.

Vous pouvez aussi explorer de nouvelles approches professionnelles, car en désapprenant nos anciennes habitudes de travail, vous êtes plus enclins à explorer de nouvelles approches et à vous adapter aux changements plus rapidement. Où du moins, à être prêt à vous faire surprendre. Cela peut inclure l’apprentissage de nouvelles compétences, l’adoption de technologies innovantes ou encore le développement de nouvelles stratégies commerciales.

Intégrer l’art de désapprendre dans sa vie quotidienne

Pour conclure, voici les propositions que je présente en conférence pour inviter mon audience à faire le premier pas :

Cultiver la curiosité

  1. Poser des questions. Pour développer notre capacité à désapprendre, il est important de cultiver la curiosité en posant des questions et en remettant en question nos croyances et habitudes actuelles. Cela nous permet d’identifier les domaines dans lesquels nous avons besoin de changer et de grandir.
  2. Chercher de nouvelles sources d’information. Il est également essentiel d’explorer de nouvelles sources d’information pour élargir notre compréhension du monde et remettre en question nos croyances existantes. Cela peut inclure la lecture de livres, la consultation d’articles en ligne ou la participation à des conférences et ateliers.

Cette curiosité doit vous aider à lever la peur de l’inconnu est un obstacle majeur à l’art de désapprendre. Nous avons tendance à nous accrocher à nos croyances et habitudes familières, même si elles sont limitantes, car elles nous procurent un sentiment de sécurité. Pour surmonter cette peur, il est important de reconnaître que le changement est une partie inévitable et souvent bénéfique de la vie.

Pratiquer l’écoute active

  1. Entendre les autres points de vue . L’écoute active implique d’accorder une attention totale à notre interlocuteur, de reformuler ses propos pour s’assurer que nous les avons bien compris et de poser des questions pour approfondir notre compréhension. Cette compétence nous aide à prendre conscience des perspectives et croyances alternatives, facilitant ainsi le processus de désapprentissage.
  2. S’ouvrir à la critique constructive. En étant ouverts à la critique constructive, nous pouvons identifier nos croyances et habitudes limitantes et travailler à les changer. Il est important d’accepter les retours d’expérience sans se sentir menacé ou offensé, et de les utiliser comme une opportunité de croissance.

S’entourer de personnes inspirantes

Il peut s’agir de mentors qui sont des personnes qui ont déjà parcouru le chemin que nous souhaitons suivre et qui peuvent nous guider et nous soutenir dans notre processus de désapprentissage. Trouver un mentor peut nous aider à accélérer notre développement personnel et professionnel.

Il peut aussi s’agir de groupes de soutien. Les groupes de soutien sont des communautés de personnes partageant des intérêts ou des objectifs communs, qui s’entraident pour surmonter les défis et célébrer les réussites. Rejoindre un groupe de soutien peut nous fournir des ressources précieuses et des encouragements pour progresser dans notre cheminement vers l’art de désapprendre.

Faire preuve de persévérance

  1. Faire face aux obstacles. L’art de désapprendre ou processus de désapprentissage peut être difficile et semé d’embûches. Il est important de rester persévérant et de faire face aux obstacles avec courage et détermination. Cela nous aidera à atteindre nos objectifs et à nous épanouir pleinement.
  2. Célébrer les progrès. Il est également crucial de célébrer nos progrès, même les plus petits, tout au long de notre parcours de désapprentissage. En reconnaissant et en appréciant nos réussites, nous renforçons notre motivation et notre confiance en nous, ce qui facilite la poursuite de notre transformation personnelle

Pour conclure, l’art de désapprendre n’est pas naturel ! C’est un effort conscience qui peut-être d’autant plus difficile que l’on ne l’a jamais appris à l’école ou les connaissances doivent s’accumuler et ne pas évaluer pour en faire le tri.

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