Savoir préparer une intervention de conférencier devient une compétence à développer ! Selon l’UNIMEVE, l’Union française des métiers de l’événement, environ 350 000 événements d’entreprise et d’institutions sont organisés chaque année, impliquant 50 millions de participants et générant 30 milliards de retombées économiques. Ces événements se composent à 55 % de séminaires et de réunions de travail, à 20 % de soirées d’entreprise, à 15 % d’événements de communication externe et à 10 % de conventions ou d’assemblées générales. Autant vous dire que même s’il n’est pas encore revenu au niveau de 2019, le marché de la conférence en entreprise se porte bien.
Préparer une intervention de conférencier comme Benjamin Chaminade
Faire appel à un conférencier extérieur pour apporter un regard nouveau, inspirer, prendre du recul ou rencontrer une personnalité célèbre est devenu une pratique courante, même dans les PME. Pourtant, je reçois toujours des appels de professionnels qui ne savent pas comment travailler avec des intervenants extérieurs.
Ce sont des organisateurs et organisatrices qui ont une liste de sujets à aborder aussi longue que l’été 2022, qui pensent que se décharger de la complexité de leur environnement sur moi va me simplifier la tâche, ou qui me répètent 10 fois qu’ils veulent une intervention interactive parce qu’ils ont assisté à une conférence il y a 10 ans qui était si ennuyeuse, avec tant de listes à puces, qu’ils envisagent depuis de rejoindre l’APPP, le parti politique suisse anti-PowerPoint.
Si c’est votre cas, je vous propose une vidéo pour apprendre à préparer une intervention de conférencier ou d’un intervenant extérieur, qu’il s’agisse de Benjamin Chaminade ou de quelqu’un d’autre. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à utiliser la section commentaires ci-dessous.
Pour commencer, soyez clair sur vos attentes
Qu’attendez-vous exactement de cette intervention ? Souhaitez-vous faire passer un message, présenter une vision d’avenir, inspirer votre public, fournir un aperçu des tendances ou simplement divertir votre audience après une intervention sur votre ratio de couverture des emplois stables ? Et pas seulement ce que vous attendez personnellement si vous êtes seul.e à organiser l’intervention. Est-ce que cet objectif est partagé en interne, notamment par l’audience pour laquelle est prévue l’intervention ?
Cela signifie qu’avant d’appeler l’intervenant, vous devez vous assurer que les objectifs de l’intervention sont clairement définis en interne. Cela évitera de grandes déceptions après l’intervention si celle-ci ne répond pas aux attentes de l’ensemble de l’audience. Si vous imposez votre objectif aux collaborateurs, assurez-vous de les en informer pour éviter qu’ils ne reçoivent pas ce qu’ils attendaient.
Cela me fait également penser à autre chose : précisez à l’intervenant jusqu’à quel point votre audience est disposée à remettre en question les choses, afin d’éviter que l’intervenant n’aille trop loin par rapport à la culture de l’entreprise.
Soyez précis sur le sujet que vous souhaitez traiter dans votre intervention de conférencier.
J’ai récemment reçu une demande d’une DRH qui cherchait un intervenant pour « comprendre les attentes des nouvelles générations afin d’identifier les leviers d’engagement pour la rétention des talents, tout en apportant un éclairage sur l’évolution du travail d’un point de vue prospectif, en prenant en compte les logiques de subsidiarité, d’agilité et d’écosystème requises par les métiers du conseil et les projets ESN ». Et je vous assure que ce n’est pas une blague.
Sachez qu’en étant confus dans votre demande d’intervenant et en l’impliquant dans votre complexité, vous lui laissez deux choix qui dépendront de votre pouvoir décisionnel sur le contenu de l’intervention :
- Si vous en avez, l’intervenant vous aidera à faire des choix parmi les sujets à traiter pour réduire le champ d’action. S’il s’agit d’un professionnel, il a l’habitude de ce genre de demande.
- En revanche, si vous n’avez pas de pouvoir de décision sur le contenu car vous agissez pour un tiers, un patron ou un client, il est possible que l’intervenant décline votre proposition car il sait que vous ne cherchez pas une conférence, mais plutôt un catalogue. Lire un catalogue sur scène n’est pas une conférence. Si l’intervenant accepte sans mot dire, méfiez-vous.
Ne confondez pas conférence, atelier, formation et conseil.
Si vous souhaitez une une intervention de conférencier qui vous aide à développer la collaboration au sein de votre équipe, valoriser les comportements collaboratifs et renforcer le travail d’équipe, et si en plus vous attendez des exemples concrets et des outils que votre audience pourra utiliser après l’intervention, il vous faut un atelier ou une formation, pas une conférence d’une heure.
Il y a également une variante dans laquelle le client attend que le conférencier réponde à une longue liste de questions. Si évidemment l’expertise du conférencier peut vous aider à progresser dans votre réflexion, il ne faut pas confondre conférence et conseil gratuit.
Pour choisir le format le mieux adapté à vos besoins, vous devez trouver le juste équilibre entre l’importance de vos enjeux et le temps que vous avez à y consacrer. Vous avez alors trois possibilités :
- Choisir une conférence et revoir vos ambitions à la baisse en précisant à l’intervenant votre enjeu principal.
- Envisager de compléter l’intervention du conférencier par un ou plusieurs ateliers en sous-groupes qui seront animés par le conférencier ou par des animateurs tiers.
- Faire appel à quelqu’un comme moi qui est capable d’adapter le format de ses interventions à vos besoins et de proposer plusieurs niveaux d’intervention sur le même sujet : la conférence, l’atelier ou la mission de conseil.
Précisez l’étendue de l’intervention que vous souhaitez
Il s’agit ici de choisir entre la largeur et la profondeur de l’intervention. Pour cela, vous devez savoir si vous souhaitez une une intervention de conférencier qui soit « globale » pour introduire une réflexion dans votre entreprise ou si vous attendez une intervention qui soit dans le « détail » pour la mise en place concrète de ce sujet pour passer à l’action.
C’est la raison pour laquelle un bon intervenant doit être aussi compétent dans son domaine que dans la mise en scène de son expertise, comme nous le montrent les conférences TED.
En précisant le niveau de détail que vous souhaitez, vous aiderez l’intervenant à adapter son intervention et à orienter son choix des exemples qu’il vous présentera.
C’est ce que je fais dans toutes mes une interventions de conférencier, par exemple dans celle sur VUCA où je peux proposer une présentation des concepts inclus dans l’acronyme avec des exemples et des quiz pour chaque lettre en version large, ou présenter en mode profondeur l’application de VUCA dans une stratégie commerciale et managériale basée sur la stratégie « Day One » d’Amazon.
Annoncez le niveau de personnalisation que vous souhaitez.
Il s’agit ici de répondre à une question simple : souhaitez-vous une une intervention de conférencier standard ou une une intervention de conférencier adaptée à votre culture et à vos enjeux ? J’ai bien dit « adaptée à votre culture et à vos enjeux », pas « adaptée à votre activité et à votre secteur économique », car un intervenant doit vous inspirer, pas vous aider à copier.
Vous pouvez choisir une intervention standard pour au moins trois raisons :
- parce que les interventions standards sont souvent moins chères ;
- parce que le sujet qui vous intéresse n’a pas d’enjeux immédiats pour vous ;
- parce que vous souhaitez une intervention impactante, comme une intervention de Michel Poulaert ou de Michael Aguilar, qui proposent des interventions ciselées au millimètre qui tiennent autant du spectacle que de la conférence.
En revanche, si vous souhaitez une intervention qui résonne avec un défi à relever, il ne vous faut pas du millimètre, mais une truelle et les pieds sur terre pour co-construire l’intervention avec l’intervenant.
Cette personnalisation peut consister simplement à présenter votre culture d’entreprise et les événements récents de la vie de votre entreprise. Mais cela peut aller plus loin, et vous pouvez, par exemple, organiser des entretiens téléphoniques entre vos collaborateurs et l’intervenant pour qu’il puisse s’imprégner du jargon interne et illustrer ses arguments avec des situations vécues en interne.
Précisez la composition de l’audience.
Il est important de communiquer à l’intervenant des informations sur l’audience qui assistera à l’intervention, ainsi que sur l’heure de celle-ci.
En ce qui concerne l’audience, n’oubliez pas de préciser la composition de celle-ci pour que le conférencier puisse adapter son vocabulaire et ses exemples en conséquence. Cette précision est d’autant plus importante lorsque l’audience comporte plusieurs métiers et niveaux hiérarchiques.
Quant à l’heure de l’intervention, il est intéressant pour le conférencier de savoir s’il interviendra après le déjeuner. Dans ce cas, il devra prévoir des animations de mise en énergie et être peut-être plus dynamique pour éloigner les risques de somnolence.
Enfin pour terminer, un dernier point concernant les déliverables et la technique.
Les sujets de la gestion des slides et de la technique sont liés car il arrive fréquemment que des clients demandent le PowerPoint de l’intervenant avant ou après l’intervention.
Il est important d’évoquer ce point lors de la préparation car si certains intervenants vous enverront leurs slides ou les laisseront après leur intervention avec plaisir, d’autres, comme moi, refusent de le faire. Mes raisons sont que mes slides sont inséparables de mon intervention car ils illustrent mes propos, pas le contraire. Laisser mes slides reviendrait à vous laisser les images et les vidéos que j’utilise pour illustrer mes présentations, ce qui ne sert à rien sans le son. N’oubliez pas, une conférence n’est pas une formation ni une mission de conseil.
Concernant la technique, il est important de prévenir l’intervenant des conditions de présentation dès que possible. Un conférencier n’est pas un simple intervenant pour remplir un créneau dans votre organisation. Il est important de prendre en compte ses attentes en termes de micro, d’espace pour se déplacer et de prévoir qu’il puisse avoir son ordinateur avec lui s’il en a besoin. Tout le monde n’a pas le talent d’intervenir seulement avec un sac poubelle comme Michel Poulaert.
Pour illustrer mon propre cas, avoir mon ordinateur sur scène est important car depuis 2020 et l’avènement des conférences en ligne, le public apprécie les moments d’interaction ou de concertation via des quizz et sondages Klaxoon ou Wooclap. Il est très compliqué de réaliser ces activités avec son ordinateur situé en régie et une télécommande à deux boutons.
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