conquête spatiale

Conquête spatiale, état des lieux et bataille d’egos

Nous sommes en train de passer de l’étoffe des héros à une bataille des egos…

Conquête spatiale, état des lieux et bataille d’egos.. Edition spéciale. J’avais besoin d’un grand format de Innovation weekly pour vous parler de plusieurs événements qui se sont tous déroulés cette semaine et dont le nombre dépasse un épisode classique de Innovation Weekly.

Une semaine de Conquête spatiale qui prouve que la conquête spatiale n’est plus une mission gouvernementale dont l’objectif est de dépasser l’horizon de l’humanité en l’aidant à atteindre les étoiles mais un marché dans lequel s’affrontent entrepreneurs, startups et équipes scientifiques.

1. Conquête spatiale : XPrize de la Lune à Mars

La fondation XPrize a fait parler d’elle cette semaine. X-Prize est une fondation non-gouvernementale qui organise des compétitions pour encourager des développements technologiques dont pourraient bénéficier l’humanité. Ces compétitions sont dotées de prix qui s’étalent de 1 à 30 millions de dollars. Conquête spatiale.

Vous pouvez voir l’épisode spécial ici

Les prix gagnés

Plusieurs prix ont été gagnés depuis le premier Xprize en 1995 : construire un tricorder à la Star-Trek, comprendre l’impact de la montée du CO2 sur l’océan ou créer la voiture la plus efficiente possible par exemple.  

Les prix toujours en cours

Certains prix sont toujours en cours et vous pouvez toujours tenter votre chance :

> pour proposer un système qui puisse lancer une alerte à une communauté dans les 90 secondes si une femme se fait agresser. Il faut que ce système coûte moins de 40$.  

> Créer un système qui puisse collecter 2000 litres d’eau de l’atmosphère pour 2 centimes du litre ou moins.  

> Proposer une solution qui transforme les rejets en Co2 des usines en matériaux de construction, combustible ou en produit du quotidien.

Les prix terminés sans vainqueurs

Mais il y a aussi des prix qui ne sont jamais gagnés, et c’est le cas google lunar Xprize qui s’est achevé cette semaine sans vainqueur.  

Ce prix, lancé en 2007, devait être clôturé en 2012 après avoir été étendu plusieurs fois jusqu’à la date finale du 31 mars 2018. Malheureusement – dans un article publié sur leur site  – la fondation Xprize  a annoncé qu’après avoir contacté les 5 derniers finalistes les organisateurs du prix elle avait compris qu’aucune d’entre elle serait prête à remplir les conditions pour effectuer un lancement d’ici la date fixée et de recevoir le prix de 30 millions de dollars. 

Je vous rappelle que pour obtenir ce prix, il fallait pouvoir envoyer un robot sur la lune, le faire se déplacer sur au moins 500 mètres à la surface et lui faire envoyer sur terre des photos en HD. 

10 ans de compétition

Pendant les 10 ans de la compétition : 

1 > 300 millions de dollars ont été levés par les équipes en compétition, que ce soit en sponsorship provenant d’entreprises privées, contrats gouvernementaux ou par investissement de capital risque. Par exemple, 90 millions ont été levés par l’équipe japonaise HAKUTO qui s’était associée avec l’agence spatiale japonaise JAXA. 

2 > Ce prix a également permis à la législation américaine d’évoluer en autorisant des sociétés privées d’envoyer des chargements sur la lune. 

3 > Ce prix a aussi permis de créer plusieurs centaines d’emplois avec la création d’entreprises commerciales qui ont boosté – ah ah – l’exploration spatiale en Inde, Malaysie, Israel, en hongrie, mais aussi bien sûr aux US avec Moon Express qui a commencé à commercialiser son offre de collecte de pierre lunaire. 

4 > Et surtout…changé radicalement le paysage de l’exploration spatiale ! Conquête spatiale

Rappelez-vous – jusque dans les années 2000 seules quelques grandes agences gouvernementales : La Nasa avec budget de 17 mrds, l’ESA pour l’Europe budg de 5,7 mrds, Roscosmos en Russie 5,6 mrds, le CNES (2,5 mrds en France, le japon avec JAXA (2,4 milliards).

Je laisse de coté les petites agences comme la CHINE avec le CNSA (1,3 mrds)  l’iSRO en inde (1,3 mrds), l’ISA Iranienne (500 millions) et l’ISA israélienne (6 millions). conquête spatiale

Désormais, cette exploration est en train de devenir un défi qui pourrait être relevé par des entrepreneurs, ingénieurs et innovateurs du monde entier….mais surtout par des entrepreneurs.  

Même si les plus visibles sont les projets américains, les projets d’entreprises privées font l’objet d’une sorte de ruée vers l’or de magnats.  

2. La course à l’espace des milliardaires  

Le grand-père original : Richard Branson avec Virgin Galactic

Virgin Galatic se présente comme la première ligne spatiale commerciale. Elle dispose de 2 divisons :

> La Spaceship Company qui propose des vols pour touristes argentés et qui a été fondé en association avec Mojave Aerospace, l’équipe vainqueur du premier Xprize qui consistait à concevoir un véhicule pouvant transporter 3 personnes à 100 km d’altitude, 2 fois de suite en 15 jours.

> Virginorbit qui propose des mises en orbite de satellite de 300 kg via une rocket (Launcher one) lancée d’un Boeing (surnommé Cosmic Girl)   

L’astronaute frustré : Paul Allen, co-fondateur de Microsoft avec Stratolaunch

Paul Allen, co-fondateur de Microsoft avec Stratolaunch qui propose la même chose que Virginorbit avec un avion maison  

Avion développé par Scaled composites, ceux qui ont construit l’avion qui a permis à Mojave Aerospace de gagner le prix Xprize. Quand je vous dis que tout a changé avec Xprize ! 

Yuri Borisovich Milner, le Jean-Claude Bourret qui vient du froid

On a déjà parlé de Yuri Borisovich Milner : c’est l’investisseur russe qui a été révélé par les paradise paper et qui possède 8 % de facebook et 5 % de Twitter, pote de Poutine et sans doute de Jared Kushner – le beau-fils de Trump qui via Breakthrough Initiatives souhaite lancer des sondes à travers la galaxie pour trouver des gens à qui parler…

Elon Musk, le cousin un peu cinglé, avec bien sur Space X

Le cousin un peu cinglé Musk, dont L’objectif est de permettre à l’espèce humaine de s’établir sur d’autres planètes. C’est sûr qu’après avoir salopé ici, autant aller voir ailleurs. Pour lui, c’est mars ou rien !

Pour atteindre cet objectif – et le financer – il peut compter sur un contrat signé avec la NASA qui lui a rapporté pour l’instant 2 milliards de dollars. Contrat pour lequel il a développé un système de fusées réutilisables la « Falcon 9″ pour les satellites et le Dragon pour le transport de personne. La suite va vite venir après le succès du lancement de la Heavy Falcon – le faucon lourd – l’une des plus grosses fusées jamais envoyée qui pourra mettre en orbite 54 tonnes métriques. Ce qui représente 2 fois plus de poids que son concurrent Delta IV Heavy pour 30 % du prix.    

Jeff bezos, celui qui aimerait avoir la plus grosse avec Blue Origin

Et enfin celui qui ne sait pas qui faire de son fric : Jeff bezos avec Blue Origin qui est son projet « sur le coté » et pour lequel il a du vendre pour 1 milliard de stock-options d’Amazon pour continuer à financer sa danseuse.

Il propose également son propre lanceur d’engin réutilisable appelé New-Glenn. Même sur Mars vous pourrez vous faire livrer bio.

3. La guerre des egos

Et le plus drôle est que c’est la guerre entre ces couillons !

SpaceX et Blue Origin se sont battues pour avoir le droit d’utiliser le pas de lancement des missions Apollo. Vanité vanité… Comme Space X a gagné, Blue Origin a poursuit en justice. Et perdu.  Vive la conquête spatiale

Puis SpaceX a attaqué Blue Origin pour invalider leur brevet d’atterrissage sur plateforme en mer. Et gagné !  

Maintenant, ils se battent à coup de taille de fusée et quand Blue Origin a annoncé le New Glenn, Space X  a annoncé la Heavy Falcon. Quand Bezos a annonce la New Glenn 2… Elon musk a annoncé la Super heavy Falcon. Jeff Bezos a renchéri avec la New Glenn 3 !!  

Ils ont des trucs à compenser ces 2 là.  

Alors qu’aux US nous sommes passé de la course à l’espace à la course à l’ego, pendant ce temps-là en France nos milliardaires à nous se battent à coup de musées. 

A ma Gauche Bernard Arnault avec la fondation Louis Vuitton et à ma droite François Pinault avec un autre musée d’art contemporain.

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4. L’ère des Startup

Mais nous sommes entré dans l’ère des start-ups donc il n’y a pas que des milliardaires qui se payent des fusées !

L’aérospace a même son accélérateur stardust fondé par Francois Chopard ,un ancien consultant de PWC, donc vous trouverez un espace à Paris 130 rue de lourmel dans le 15e arrondissement.

Prenez Rocket lab par exemple qui est la première entreprise 100 % privée à avoir réussi le week-end dernier son premier vol orbital. Ils proposent de mettre en orbite de petits satellites pour 5 millions de dollars quand  space X en demande 62 par lancement. . Ils proposent d’ubériser l’espace à la suite de Space X grâce à leur lanceur appelé Electron qui est la fusée qui a le plus de gueule.

Le disrupteur se fait disrupter

Prenez aussi Interorbital qui a commencé comme un projet du soir et du week-end pour un couple de passionnés : Roderick and Randa Milliron qui pendant 10 ans ont développé leur projet en gardant leur job : Roderick était développeur de logiciel de guidage et Randa prof d’histoire naturelle. Ils ont tous les deux plongé à plein temps quand ils ont tenté d’obtenir le prix Google Lunar Xprize dans le cadre de l’équipe « Synergy Moon ».

Le premier prix Xprize a vraiment donné des vocations à des passionnés qui avaient envie d’inscrire leurs noms à côté des noms de la conquête spatiale. Un peu comme  comme Eberhard et Tarpening qui ont prouvé avec Tesla – avant de se faire virer par Musk – que l’on pouvait créer une marque de voiture sans rien y connaître.

Pour info, 1 milliard d’euros en moyenne ont été investis dans les start-ups de l’aérospatial chaque année depuis 2006 alors que c’était seulement 180 millionsentre 2000 et 2005  pour un chiffre d’affaires de 260 mrds en 2016.  

Pendant ce temps-là, l’institut Montaigne propose : plus d’états, plus de technos, plus de protection avec une préférence européenne, plus de budget européen, plus de gouvernance européenne. Bref, l’espace est en train de se faire uberiser par les Américains et pendant ce temps-là, en Europe, on propose. 

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