Animer une vidéoconférence comme un pro

Animer une vidéoconférence comme un pro

vidéoconférence. De plus en plus demandé en conférence en distanciel, j’ai commencé à m’interroger sur les bonnes pratiques du conférencier à distance.  Ma question est simple : « Comment maintenir l’attention et l’engagement d’une audience travaillant de chez-elle ».

Si c’est évidemment un sujet pour toute intervention en présentiel*, elle se pose d’autant plus quand cette audience est derrière un écran et peut vous écouter d’une oreille distraite en vidant son lave-vaisselle, ou pire, elle peut aussi attendre d’avoir accès à l’enregistrement à postériori de votre intervention pour vous écouter en « mode Podcast ». Alors même que les clients attendent de vous une intervention « interactive » et engageante !
Voici quelques idées et conseils… 
*même si l’académie française n’est pas d’accord

 

Quand la vidéoconférence passe en mode normal

Passer de la scène à la vidéo et parler à une audience qui est chez elle peut-être très déstabilisant. Pourquoi est ce que certains n’ont pas branché leur webcam ? Est-ce qu’ils m’entendent ? Est-ce qu’ils m’écoutent ? Est-ce que mon contenu les intéresse ? Est-ce que je suis hors sujet ? Pourquoi ne posent-ils pas de questions ? Et aussi, pourquoi utilisent-ils un arrière-plan virtuel ? Ils sont dans leur chambre ?

Après 15 ans passé à arpenter amphithéâtres, palais des congrès, arrière-salles de restaurant et salles de réunion sans fenêtre, devoir présenter un contenu sans audience physique demande un ré-apprentissage technique (comment parler en ligne) et technologique quel matériel utiliser.

La vidéoconférence s’est révélée un outil primordial pour les salariés en télétravail qui se sont adaptés petit à petit à la situation actuelle et à la naissance (en France) de ce lieu de travail « hybride » dont on parle depuis déjà plusieurs années. Même si l’engouement pour les réunions Zoom, Teams, WebEx, Google Meet, Skype ou Blackboard (si vous êtes prof) est retombé, ces outils font désormais parti du  » nouveau normal  » des collaborateurs. Ils doivent aussi le devenir pour les conférenciers !

Mais voilà, que vous soyez salarié ou conférencier, vous avez sans doute déjà compris qu’assister à une réunion ou à une présentation en vidéo est un défi pour votre capacité d’attention et de concentration. Est-ce que la vidéoconférence tue la conférence ?

visioconference ennuyeuse

Photo non contractuelle

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Du collaborateur connecté au vidéoconférencier à distance

De la conférence à la vidéoconférence. De leur côté, les conférenciers aussi commencent à s’adapter, mais plus lentement que les salariés en télétravail. Ce n’est pas que les conférenciers sont plus lents ou qu’ils résistent à ce changement ! La raison est que les entreprises ont stoppées toute intervention extérieure et on ne peut pas leur en vouloir d’avoir eu d’autres priorités.

En suivant l’actualité de certains intervenants français, j’ai appris que beaucoup d’entre eux avaient perdu jusqu’à 100 % de leur prévisionnel immédiat. Ce qui a entraîné un certain décalage d’adaptation de la part des intervenants (qui se sont mis à écrire des bouquins en attendant. True story !) avant de les obliger à devenir des utilisateurs de toutes les solutions de vidéoconférence et visioconférence existantes. Comme vous le savez, même si la plupart des intervenants préfèrent Zoom, les entreprises ont leur solution attitrée. Notamment Teams de Microsoft que personnellement je déteste. La raison est qu’elle ne fonctionne qu’avec Powerpoint et non Keynote (quelle surprise !).Ce qui m’oblige à exporter mes keynotes en HTML. Grrr. Mais je m’égare.

Le retard est donc rattrapé, même si ce n’est pas encore très visible en France, car les conférenciers n’ont pas encore sur la mis à jour de leur site web sur le sujet. Jetez un œil de l’autre coté de l’atlantique et vous verrez que les pages d’accueil de beaucoup de conférenciers américains ont une proposition de conférence à distance comme au hasard Keith Abraham, Matt Church ou encore Amanda Stevens en Australie.

Mais cette évolution du présentiel au distanciel, ne coule pas de source ! Après avoir passé des années à apprendre à juger l’énergie d’une salle, à s’adapter à la perte d’attention de son audience et à comprendre les moments où il faut ralentir ou accélérer, il est difficile de s’adapter à l’expérience dégradée de la visioconférence. Un exercice dans lequel nos réflexes habituels peuvent devenir source d’ennui pour une audience aussi concentrée qu’un cachet d’homéopathie. Je pense notamment au ton à utiliser pour parler en vidéoconférence et à l’énergie monstrueuse qu’il faut y investir.

CD = 2 x CP

Ma recette est simple : CD = 2xCP. En clair, l’énergie nécessaire lors d’une Conférence en Distanciel est 2 fois supérieure à celle dépensée lors d’une Conférence en Présentiel pour un résultat de toute façon très souvent inférieur. En d’autres mots, une visioconférence est plus éprouvante qu’une conférence en personne, car elle demande plus d’énergie pour un résultat qui restera de toute façon dégradé.

Les raisons sont nombreuses. Déjà, vous ne pouvez pas balayer la salle du regard pour mesurer l’énergie de votre assistance et vous ne pouvez pas lire les réactions ou l’incompréhension sur les visages. Tout ce que vous pouvez voir sont les visages souvent impassibles de ceux qui sont connectés. Et encore, à la condition que :

  1. les membres de votre audience partagent leur vidéo, car l’intervention à distance amplifie les comportements de spectateur;
  2. votre écran vous permette de voir les visages des personnes connectées, ce qui est difficile si vous suivez les questions posées en message et utilisez des slides en même temps;
  3. vous pensez à naviguer de vous-même pour voir les visages de votre audience et que vous sachiez rester concentré sur votre propos en le faisant.

En résumé, en intervenant par vidéo lors d’une vidéoconférence, vous perdez votre intuition, votre jugement de l’énergie de la salle et vous devenez complètement ignorant de votre performance et de l’intérêt porté par votre audience sur votre sujet. Ils peuvent être en train de mette à jour leur Facebook ou envoyer par messagerie un « On s’emmerde » à leurs collègues, vous n’en aurez aucune idée car vous ne n’avez plus le brouhaha habituel du groupe qui s’émancipe, car il commence à trouver le temps long.

Alors, comment améliorer vos compétences d’intervenant à distance ? 

Ma réponse ? En vous inspirant des youtubeurs et des journalistes. 

Jamy epicurieux

…ou des journalistes youtubeurs…

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Pensez à l’audio avant la vidéo

Oui, c’est bizarre. Pourtant, même si le sujet de cet article est la vidéoconférence / visioconférence (son synonyme), c’est bien le son qui est le plus important ! C’est d’ailleurs la première chose que l’on conseille à toute personne souhaitant se lancer dans la vidéoconférence. Sur YouTube ou ailleurs : le son doit être de qualité !. 

Je vous rassure tout de suite, pour commencer, vous n’avez pas besoin d’un équipement coûteux. Vous devez cependant vous assurer que votre voix soit entendue clairement par tous ceux qui vous écoutent. Votre audience souhaite vous entendre (et vous comprendre) avant de vous voir. Surtout si vous n’utilisez pas de slides et vous contentez de parler « face cam ». 

Ce qui va vous demander plusieurs choses évidentes :

Trouvez le calme ou créez-le artificiellement

J’ouvre une porte ouverte, mais n’oubliez pas qu’un environnement que vous pensez être calme ne l’est peut-être pas. Le son qui entre dans vos oreilles n’est pas le son que votre audience va entendre ! C’est celui qui entre dans votre micro. Attention donc à la clim de votre ordinateur qui se déclenche. Faites gaffe aussi, si vous utilisez votre souris ou votre clavier et enfin attention au bruit de la circulation que vous n’entendez plus par habitude.

Cela rend le son un peu métallique, mais si vous estimez en avoir besoin, n’hésitez pas à utiliser un atténuateur de bruit de fond comme le propose Zoom. Voici un exemple provenant de la vidéo de présentation de ma formation au changement dans laquelle j’ai utilisé cette fonctionnalité via mon logiciel de montage. Vous pouvez aussi utiliser l’application Krisp qui pour 5€ par mois annonce pouvoir réduire les bruits de fond de plus de 800 applications de communication. Vous pouvez utiliser cette application gratuitement et obtenir un lien pour parrainer d’autres utilisateurs. Si vous vous inscrivez, je vous invite à partager le code dans les commentaires de cet article. Nous aurons 1 mois gratuit et vous 2.

Si vous êtes sérieux, investissez dans du sérieux

Après avoir utilisé les moyens du bord, l’étape suivante est d’utiliser votre propre micro. Il peut-être à fil ou sans fil, on s’en fiche tant vous ayez eu le temps de le tester avant de l’utiliser en condition réelle.

Les micros sont comme des chaussures de sport : si c’est pour aller chercher le pain, vous pouvez y aller en tong, mais si c’est pour un marathon, il vaut mieux s’équiper avec du sérieux ! Je traduis pour « l’équipe premier degré » : pour une conférence de temps en temps, vous pouvez utiliser le micro de votre ordinateur ou les casques à réduction de bruit que vous utilisez pour écouter votre musique dans le métro, mais dès que cela devient régulier : investissez dans du bon matos !

En mode débutant

Je ne peux que vous conseiller de vous équiper en Airpods 2, ou équivalent, qui permettent de faire double usage : parler et écouter votre audience en même temps. Je vous conseille moins les Airpods Pro dont l’annulation de bruit risque de vous faire ignorer un bruit parasite que votre audience, elle, entend très bien. Pour des raisons d’économie de batterie, je vous conseille d’utiliser un Airpods après l’autre pour que l’un se recharge pendant que l’autre est utilisé. C’est pratique d’avoir 2 oreilles !

En mode confirmé

Ici, je vous conseille d’investir dans un micro (et son pied) pour un son irréprochable et pour montrer à votre audience que vous êtes un habitué de la vidéoconférence à distance. Et aussi, que la qualité de l’expérience de votre audience est importante pour vous !

À cet effet, j’utilise en fonction de mon humeur, et du sujet, 2 types de micros : 

  • Le Shure super 55 que j’utilise pour ma chaîne YouTube sur l »innovation. Voir la capture d’écran un peu plus bas. Je me suis fait plaisir avec une version hors-série vintage. Mais je ne le vous conseille pas pour le rapport prix/qualité audio qui est ridicule et parce que je tiens à mon originalité. 
  • Plus régulièrement, j’utilise aussi le Shure SM58 qui est le même que j’utilise pour les interviews de mon podcast « Iconoclaste« . C’est le micro que je vous conseille si vous n’êtes pas contre les fils. Comme il s’agit d’une prise XLR,  j’utilise le X2U de Shure pour le connecter à mon ordinateur mais n’importe quel câble XLR à USB peut faire l’affaire.

micro benjamin chaminade conference

Shure SM58

Petit truc de pro : si vous avez le choix, prenez un micro cardioïde (ou qui permet de sélectionner ce mode). Ainsi, le micro ne captera que les sons provenant de l’avant et pas du reste de la pièce ou de la mobylette passant dans la rue. Dans la même veine, cherchez à réduire au maximum les échos et réverbérations. C’est la raison pour laquelle une bibliothèque en arrière-plan peut être utile : ça ne vous donnera pas de caractère, car tout le monde le fait, mais ça améliorera le son et c’est moins cher et plus pratique que des panneaux acoustiques. Sans parler de l’esthétique.

Éventuellement, si vous êtes un pro ++, vous pouvez aller jusqu’à utiliser un micro à pince si vous vous déplacez pendant la présentation. Ce que je fais désormais dans la plupart de mes vidéoconférences*. À cet effet les micros Lavalier, utilisés par les invités des talk-shows télévisés, permettent de garder votre voix au plus près et de la rendre stable lorsque vous vous déplacez. En plus ça donne un petit coté « , c’est comme sur scène et c’était le bon vieux temps « .-

*Je précise. Vidéoconférence. Pas formation ! Si vous souhaitez savoir pourquoi, demandez en commentaire.

Mettez-la en sourdine

Dans le feu de l’action, restez en sourdine (sur « mute » quoi) jusqu’à ce que ce soit votre tour de parler. Les bruits de fond que vous ne contrôlez pas toujours peuvent perturber les autres, et peuvent afficher votre vidéo dans la grande fenêtre de l’écran en tant qu’orateur alors que vous faite que des petits bruits d’acquiescement, vous parlez à vous-même ou vous mouchez.

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Optimisez la vidéo de votre vidéoconférence

Maintenant que l’on vous entend, il est temps de vous montrer.

Parlons caméra

Je ne vais pas vous faire de cours sur les différentes définitions de vidéos, mais sachez simplement que la norme actuelle est de 1080P (1 920 pixels de large et 1 080 pixels de haut). Même si la mode actuelle est de parler de 4K et de HDR (qui est peut-être la définition de votre téléviseur). Il y a cependant beaucoup de chances que la caméra de votre ordinateur soit en fait de 720P (même si vous avez un mac dernier cri à la date de cet article). Pour faire court, la caméra de votre smartphone est sans doute bien meilleure que celle de votre ordinateur.

Pour régler ce problème de qualité d’image, vous avez 2 cas et 4 possibilités :

  • Les 2 cas : vous utilisez votre téléphone ou votre ordinateur.
  • Les 4 possibilités : 1. Vous utilisez la caméra avant  votre téléphone qui est de moins bonne définition que la caméra arrière (celle que vous utilisez pour prendre des photos)  2. Vous utilisez la webcam de votre ordinateur (si elle est 4K, bravo, mais peu de membres de votre audience la verra dans cette qualité de toute façon) 3. Vous utilisez la meilleure caméra de votre téléphone comme webcam 4. Vous utilisez un appareil photo numérique comme caméra.

Pour utiliser votre smartphone ou appareil photo comme caméra, je vous invite à suivre ce tuto (en anglais). Vous devrez aussi investir dans un trépied pour assurer la stabilité de votre smartphone.

installation video visioconference

Chaine YouTtube unboxtherapy

Vous pouvez aussi utiliser votre appareil photo numérique (DSLR) comme caméra. Ce que je fais via les applications CamLive et CamTwist. Si vous avez un mac, vous pouvez suite le guide suivant (toujours en anglais). 

Parlons maintenant cadrage et installation…

Inspirez-vous du journal télévisé et des youtubeurs à la mode.

Non, pas Cyprien ou Norman, j’ai dit à la mode ! Pour créer un engagement le plus authentique possible avec vos correspondants, vous devez les regarder dans les yeux. Ce qui ne change pas du présentiel. Pour ce faire cela signifie que vous devez regarder l’objectif de votre webcam ou de votre caméra le plus souvent possible. Pour assurer cet effet de transparence, placez votre caméra à la hauteur de vos yeux, à proximité de vos notes si vous en avez et le plus prêt possible de votre écran pour avoir une vue périphérique des participants. Placez la caméra trop haut et l’on verra votre crâne (et si vous êtes comme moi…ben ça brille). Placez la caméra trop bas, et ce seront votre cou et le dessous de votre menton qui seront mis en valeur. Vous pouvez, mais c’est osé.

Cadrez l’image correctement.

C’est à dire avec un peu d’espace au-dessus de votre tête tout en faisant en sorte que l’on continue de voir vos mains quand elles sont en mouvement. De nouveaux, inspirez-vous des journalistes des journaux télévisés et des youtubeurs. Laissez « respirer » votre image en vous plaçant au centre de l’image (sauf si vous comptez utiliser l’enregistrement de votre intervention pour faire des inserts en post, dans ce cas décaler vous sur le côté) et en veillant à laisser un peu d’espace entre le haut du cadre et vos cheveux tout en faisant en sorte que vos mains soient visibles quand vous les utilisez. Utiliser ses mains pour appuyer sur un point ou utiliser ses doigts pour faire une liste participe à maintenir l’attention en cassant la monotonie du propos.

Méfiez-vous des bibliothèques en vidéoconférence

Je me contredis, mais autant que possible, évitez aussi les bibliothèques. Enfin, la bibliothèque Ikéa Kallax de base. Si la conférence en distanciel / vidéoconférence devient habituelle, soyez créatif et utilisez votre arrière-plan pour présenter votre univers. Dans mon cas par exemple, j’utilise certes une bibliothèque, mais il s’agit surtout du décor de ma chaîne YouTube que j’appelle « le mur de l’innovation » et dans lequel j’ai placé quelques objets rappelant les grands moments de l’innovation et rangé mes livres par couleur. Je ne dis pas que c’est super pratique pour les retrouver mais c’est visuel.

benjamin chaminade chaine youtube

Ceci n’est pas une bibliothèque ikéa

Ne vous approchez pas trop de l’objectif.

Méfier vous des webcams ou de certains téléphones qui ont des objectifs grand-angles. Cela crée un effet boule de noël ou « fish-eye » lorsque votre visage est trop proche de l’objectif. Pour éviter cet effet, je place ma caméra à 1m50 et je zoome avec l’objectif pour affiner le cadrage.

Réglez l’éclairage de manière à ce que votre visage soit éclairé de face.

D’abord, parce que la qualité de l’image dépend de la lumière, mais aussi, bien évidemment, parce que votre audience doit voir votre visage clairement, et non dans l’ombre. Cela demande un peu d’investissement, mais je ne peux que vous conseiller de vous équiper en lumière. Vous pouvez le faire simplement avec un spot ou investir dans un anneau de lumière ou encore un cran au-dessus, dans des lampes de studio. Me filmant pour alimenter mes chaines youtube j’ai choisi cette dernière possibilité. Je vous conseille la marque Neewer pour le rapport qualité prix de leurs produits.

Vous pouvez aussi vous inspirer (de nouveau) des youtubeurs en vogue. Il y a actuellement une mode qui consiste à mettre une lampe en arrière-plan, en travaillant sur les ombres et le bokeh (le flou).

video visio conference youtube inspiration

De droite à gauche et de bas en haut : Tyler Stalman, Gerard Undone, Matt d’Avela 

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Présentez votre vidéoconférence comme une rock star

Vous avez le son, vous avez l’image, il ne vous manque plus que l’attitude.

Connaissez et comprenez votre auditoire.

C’est évidemment vrai en présentiel, mais c’est encore plus important en distanciel.

Ce n’est pas devant un mur de visages que vous allez le découvrir. À qui allez-vous présenter ? Qu’attendent-ils de vous ? Pourquoi vont-ils rester devant un écran à écouter cette vidéoconférence ? Qu’est-ce qui va les encourager à poser des questions ? N’oubliez pas non plus que certains membres de votre audience travaillent de chez eux à contrecœur et que votre intervention est peut-être la 2e ou 5e interaction par vidéo qu’ils ont de la journée. 

Si vous voulez aller au bout des choses, écrivez un scénario avant de commencer. Répétez et enregistrez-le. C’est d’autant important si vous êtes au niveau 10 du parfait visioconférencier et utilisez une solution comme OBS (Open Broadcaster Software) qui vous permet de transformer votre intervention en documentaire télévisé. C’est ici et c’est gratuit. La notion de scénario est encore pus importante qu’en présentiel. Vous devez aller au-delà du déroulé et créer un scénario en identifiant les moments où vous présenter un slide, ceux où vous posez des questions et ceux où vous êtes face caméra.

Ne lisez pas ! Une vidéoconférence reste une conférence !

C’est évidemment le b.a.-ba du conférencier, mais en étant chez soi, il est extrêmement tentant de poser ses notes sur la table devant son ordinateur et de se mettre à lire. Tout ce que je peux vous conseiller ici est d’être professionnel, mais humain. Lire des diapositives ou un texte préparé à l’avance est un tueur d’engagement, de crédibilité et d’autorité. Par contre, si vous devez vous référer à des statistiques ou autres détails spécifiques, rien ne vous empêche de prendre une fiche et de prévenir votre audience que vous avez relevé des chiffres pour illustrer votre propos. Vous perdrez en fluidité, mais vous prouverez à votre audience que vous ne trichez pas (genre lire un prompteur) et vous prendrez quelques points d’autorité (Klout) supplémentaires.

Se mettre à la place de votre audience

Essayez par tous les moyens (légaux) de compenser le sentiment d’intuitu personae que l’on peut ressentir en présence d’une personne que l’on rencontre pour la première fois et qui est faussé par vidéo. Cela signifie simplement d’être jovial et approchable. Sans tomber dans la blague potache d’introduction, vous devez vous présenter et éventuellement demander à votre audience de vous pardonner car vous n’avez pas l’habitude d’intervenir en vidéo. Cela vous rendra humain et votre assistance sera de votre côté.

Richard Taylor, un journaliste de la BBC, propose de commencer vos interventions virtuelles par l’une de ces phrases d’ouverture :

  • « Merci à tous de me recevoir chez vous. Je vais faire court et aller droit au but, voici les trois points que j’espère que vous retiendrez ».
  • « Mon [chien/chat/ adorableenfant] a accepté de ne pas co-animer cette session, afin que nous puissions nous concentrer. C’est parti ! »
  •  » J’ai la garde de mon petit dernier, si vous voyez que ça bouge derrière moi, prévenez moi. »

Voilà voilà…

Respirez, articulez et faites des phrases courtes.

De nouveau, important en vrai, primordial en virtuel. Ne faites pas comme l’intervenant lambda dont la pensée essaie de rattraper la parole. Sur scène par exemple, j’intercale régulièrement des slides de photos de brin d’herbes et de paysages pour me rappeler de ralentir et de respirer. À distance, un simple post-it sous l’écran devrait faire l’affaire jusqu’à ce que cela devienne une habitude.

Ensuite, faites une pause après chaque phrase. Respirez. Vous êtes l’orateur désigné donc vous n’avez pas besoin de parler sans respirer pour garder la parole. Vous n’avez pas non plus besoin de relier plusieurs choses dans une longue phrase pour montrer qu’elles sont liées. Comme dans ce blog. Votre auditoire reliera les points eux-mêmes. Vous pouvez aussi ajouter des mots de connexion au début des phrases plus courtes : « Nous devions améliorer l’engagement des clients. Et c’est pourquoi nous avons décidé de remplacer notre CRM et d’éliminer les scripts utilisés par notre plateforme de téléprospection. Mais cela devait être fait sans interruption des appels. »

Augmentez votre énergie d’un ou deux niveaux.

Nous en avons déjà parlé, mais je reviens dessus, car c’est important (au moins aussi important que le reste), une conférence par vidéo est extrêmement gourmande en énergie. Surtout les premières vidéoconférences où vous devez réapprendre votre métier. Mon conseil, faites comme si vous étiez convié à un panel de discussion. Vous savez bien, dans cet exercice vous devez être tranché, limite segmentant, et énergique, limite TDAH. Si vous utilisez votre énergie de présentiel vous allez paraître mou et éteint à votre audience. N’hésitez pas de changer le niveau d’énergie de la présentation au fur et à mesure. Comme dans une conversation, le calme et l’excitation doivent varier en fonction de votre propos et du temps depuis lequel votre intervention a débutée. En plus, un intervenant avec un niveau d’énergie constant peut sembler peu sincère et détaché de son auditoire.

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A faire et à ne pas faire

Pour finir quelques do / Don’t qui me viennent à l’esprit concernant les interactions que vous pouvez avoir avec votre audience. Je vous invite à rajouter les vôtres en commentaire.

Pour commencer, demander toujours à votre client s’il y a une étiquette vidéoconférence « locale ».

Chaque entreprise a ses propres règles, écrites ou non. Poser la question vous évitera aussi d’être surpris si votre audience est uniquement en mode audio. Vous ne serez pas surpris de voir leurs écrans noirs. Même si cela reste quand même déstabilisant. Profitez-en aussi pour demander si votre intervention est filmée. Que ce soit pour avoir accès à l’enregistrement, l’interdire ou le facturer en sus.

N’utilisez les arrière-plans virtuels que pour afficher votre mauvais goût. 

Arrêtez les arrière-plans de bureaux vides ou d’île déserte. C’est fatigant et de mauvais goût. Si votre arrière-plan est moche, redécorez, déménagez ou, au pire utilisez un arrière-plan flou. Ça n’empêchera pas de voir que vous êtes dans votre chambre, mais ce sera moins pire.

videoconference comme une rock star

Attention à vos mains. Et à votre nez. Une vidéoconférence n’est pas un zoo.

N’oubliez jamais que si vous avez mis votre vidéo, même si vous ne pouvez pas toujours voir vos interlocuteurs, eux peuvent vous voir. Et ils peuvent même vous voir de bien plus près que lorsque vous intervenez sur une scène ou derrière un pupitre. C’est à dire qu’ils peuvent voir en direct vos réactions à ce qui est dit, genre lever vos yeux au ciel à une question débile, comme ils peuvent voir vos tics faciaux et vos doigts dans le nez. En résumé, intervenir en vidéo demande une conscience de soi élevée pour contrôler autant que possible vos gestes et vos émotions.

Regardez l’heure, pour rester dans les horaires impartis.

Il est plus difficile de savoir par vidéo si vous avez parlé trop longtemps et déjà qu’en vrai un intervenant trop long c’est ch… mais en vidéo c’est pire. D’ailleurs, en parlant de temps, soyez plus précis sur l’organisation de votre temps de parole en expliquant votre programme, les points de passages, les exercices qui se feront en sous-groupes et annoncer régulièrement le temps qu’il reste avant la fin de votre intervention.

Montrez votre empathie technologique et à distance. 

Si vous voyez que quelqu’un se connecte et se reconnecte plusieurs fois de suite, demandez lui par vidéo si tout va bien et si vous avez besoin de répéter. Si par contre vous voyez que quelqu’un ne vous prête plus attention, envoyez lui un message privé pour savoir ce qu’il se passe. Il y a encore pas mal de monde qui ne connaissent pas les us et coutumes de ce format et peuvent avoir des attitudes qui seraient considérés comme impolis lors d’une vraie conférence. Ou qui ont oublié que leur webcam est toujours en ligne. Ça arrive. Pour l’exemple, au début de mes interventions, j’essaie de mettre tout le monde à l’aise en expliquant que j’utilise des slides d’illustrations mais que mon intervention peut-être comprises seulement en l’écoutant. Suivre les supports sont du plus, ne pas les regarder n’est pas du moins.

Testez régulièrement matériels et logiciels de vidéoconférence.

Oui, même si vous avez l’habitude ! Vous n’êtes pas à l’abri d’une mise à jour qui vienne dérégler votre machine bien huilée. Eventuellement, 10 à 15mn avant votre intervention, faites un appel individuel avec l’animateur ou l’organisateur de la conférence à distance. Demandez-lui d’évaluer la qualité de votre audio, de votre vidéo, de la fluidité de vos slides et du son des vidéos que vous utilisez. Quelques minutes de vérification en petit comité vous éviteront de perdre en crédibilité  si tout le monde doit vous voir tâtonner avec votre matériel avant votre intervention.

Et pour conclure sur la vidéo conférence comme un pro…

Dernière chose qui peut avoir son importance, attention à vos signets et aux dossiers visibles sur votre bureau !  C’est en assistant à une conférence il y a quelques années que j’ai découvert l’existence d’un site olé olé. Non, je ne mets pas de lien.

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Et voilà, le petit monde de la conférence est secoué mais parions que le passage à la visioconférence sera salutaire, même si sur le court terme votre chiffre d’affaires a pris un coup de fusil. Sur le long terme nous avons tous à y gagner de rajouter cette offre à notre portfolio de compétence. Veillez simplement au droit à la déconnexion.

Pouvoir continuer à intervenir en conseil ou en conférence à distance, ouvre une nouvelle ère de services qui s’ouvre à nous qui souligne que d’ici l’invention des « hologrammes pour tous », la vidéo restera une expérience dégradée qui ne ne vaut pas, et de loin, l’interaction directe du postillon de conférencier passionné reçu par les premiers rangs. Alors certes, la vidéoconférence nécessite un peu de réapprentissage mais cela en vaut la chandelle et de toute façon…vous n’avez pas le choix car tout semble indiquer que ce format pourrait devenir notre nouvelle norme.

Disrupter l’activité de conférencier

Disrupter l’activité de conférencier

Résumé d’un entretien avec un étudiant de l’Essec sur l’activité de conférencier.

En quoi consiste l’activité de conférencier ?

Je relève que vous avez choisi le terme « activité » et pas « métier ». N’étant pas universitaire, je pense que faire de cette activité un métier peut être professionnellement dangereux s vous n’êtes pas professeur.

Je détaillerai cette activité en 3 parties distinctes : 
La création : Le plus long et le plus douloureux. Pour éviter d’avoir une « réflexion powerpoint » dans laquelle votre pensée s’engouffre dans un tunnel de slides ou une « conférence image » dans laquelle votre réflexion s’adapte à des images et pas le contraire, je construis mes interventions sur papier. Une fois l’argumentation et les enchainements élaborés, je passe à la création des slides et des transitions. Pour vous donner une idée du temps passé, je passe 1 semaine de travail pour 30 minutes d’intervention et remplace 20% des slides de mes interventions les plus populaires chaque année.
Le Marketing : J’aime beaucoup la comparaison avec la musique. Une conférence est comme un album, il y a l’enregistrement et la scène. Pour trouver facilement des engagements, vous devez faire beaucoup de scène pour profiter du bouche à l’oreille. En résumé, plus vous faites de conférences…plus vous faites de conférences. Spécial shout-out à mes agents qui s’occupent de mes bookings.
L’animation. Evidemment la partie de la plus visible et gratifiante de l’activité de conférencier. C’est ce qui m’étonne le plus dans cette activité. Vous êtes seul* pour construire l’intervention, choisir les photos et les exemples puis sans transition vous vous retrouvez devant une audience. 
*Ce n’est plus le cas. j’ai une approche « label indépendant » de la conférence. C’est à dire qu’entre la construction de la conférence (je personnalise toujours mes interventions) et la présentation au client, elle est testée auprès de mes associés et partenaires.  

Combien de conférences donnez-vous par an ?

Compliquée cette question car elle dépend des années, de l’actualité, de la sortie d’un ouvrage, de l’intérêt des sujets…et des mois de Mai.

En moyenne, je dirai entre 80 et 120 conférences par an avec le record personnel de 5 conférences en une seule journée.

Qu’est ce qui vous différencie des autres intervenants 

Il y a quelques années ma réponse aurait été simple : J’ai été le premier à transformer des conférences en interventions équilibrant le fond et la forme avec des vidéos et des slides extrêmement travaillés comportant un minimum de mots, voir aucun. Depuis la publication du livre de Garr Reynolds « Presentation zen » et la démocratisation des TedX j’ai largement perdu cet avantage. Et c’est plutôt une bonne nouvelle pour tout ceux qui assistent à des conférences. Les présentations « Powerpoint bullet points » ont pratiquement disparues et ceux qui les utilisent encore ont soit plus de 60 ans ou font partie d’un conseil d’administration.  

Je garde cependant une petite longueur d’avance pour garder l’engagement d’une audience ayant de plus en plus de facilité à baisser la tête pour regarder leur smartphone et terminer leur niveau de Candy Crush. Ma différence est la mise en scène que j’utilise, les enchainements de slides, les photos utilisées, le nombre d’heures de répétition, la façon de m’habiller qui est lié au sujet que je présente. Mais aussi ma capacité à ne pas me prendre au sérieux (voir la vidéo ci-dessous) et à creuser les histoires que je raconte pour dépasser l’histoire que tout le monde connait par la bouche-à-oreille (non, le succès du post-it ne tient pas à l’erreur d’un ingénieur mais au travail d’un commercial, non Alexander Fleming n’est pas un bon exemple pour illustrer la serendipité, etc.) et surtout je n’invente pas les citations que j’utilise et je cite les noms de ceux qui m’inspirent. Ce qui semble se perdre.

J’ai également une approche un peu différente dans mon approche des concepts traités. La plupart des conférenciers deviennent connus pour un sujet précis (Michaël Aguilar pour la vente), pour une idée (Pascal Picq pour l’homo-numericus) ou pour une expérience (Philippe Croizon). Ce faisant, ils ont une approche verticale d’un sujet qu’ils approfondissent années après année qui peut les rendre définitivement bloqué dans leur domaine (comme certains acteurs). Emmanuelle D. par la génération Y, Laurent C. pour la négociation, Isaac G. par l’entreprise libérée. D’ailleurs, certains en manque de réinvention, se retrouvent à donner la même conférence qui est disponible sur youtube. On retrouve cette approche notamment chez les académiques qui sont obligés de se spécialiser ou dans les « intervenants slideshare » qui se renseignement sur le web pour passer pour des « experts. Pratique dénoncéé par Ghyslaine Villain de L’Oréal Luxe dans l’article du monde de mars 2019 « Éclaireurs ou boussoles, pourquoi les entreprises raffolent de ce conférenciers ?« .

De mon coté j’essaie d’avoir une approche horizontale de mes sujets. C’est à dire que je m’intéresse aux changements sociétaux en cours et identifie leurs effets sur l’entreprise. C’est la raison pour laquelle, alors que mon sujet est l’innovation, je traite aussi du coté humain (créativité, curiosité, empathie…), Managérial (bien-être, collaboration, engagement…), sociétal (VUCA, transformation, générations…), économique (attention, recommendation,…) etc… Ainsi j’identifie ce qui change et trouve des liens avec ce qu’il se passe en entreprise pour ne pas m’arrêter à la constatation facile (l’éducation nationale tue la créativité ou l’entreprise a perdu le sens) et proposer des solutions concrètes et adaptées à la taille des entreprises présentent dans l’audience. C’est ce que j’essaie de prouver avec mes chaines Youtube « Benjamin Chaminade » et « No one is innovant » ou mes Podcasts « Iconoclaste » et « Startup autopsy« .

Je suis aussi différent dans la nature des exemples que j’utilise. En fonction de l’audience, de son âge, de son secteur, de sa culture ou de son statut professionnel je vais utiliser des exemples qui parlent au dirigeant australien, au cinqua breton, à l’ouvrier malaisien et au grand public en commençant par les situations que j’ai vécu en encadrant plus de 1000 collaborateurs (pas tous en même temps hein) et 800 clients dans une tripotée de pays. 

Enfin, une autre différence est peut-être mon humilité. Je ne me présente pas comme un gourou mais comme un témoin. Voir parfois comme une victime qui a essuyé les plâtres avant tout le monde. Bref, je suis le plus humble des conférenciers que vous pouvez trouver sur le marché….Et de loin ! 🙂  

Quelle est votre audience habituelle ?

Il n’y a pas de « habituel ». Je suis intervenu devant des militaires, des ministres, des députés, des collégiens, des managers, des dirigeant.E.s, des chirurgiens, des infirmer.e.s, des ingénieurs, des sportifs, des syndicalistes et même quelques prêtres. De 5 à 5000 personnes.

A la réflexion, je peux sans doute classer les audiences en 2 types :

  1. Les conférences fermées qui rassemblent les collaborateurs de la même entreprise. Leurs métiers peuvent-être différents mais ils ont au moins la culture de leur entreprise, ou une responsabilité commune (le management notamment). L’audience la plus facile pour un intervenant car ils ont le même objectifs. 
  2. Les conférences ouvertes qui rassemblent des profils hétérogènes aux attentes et centres d’intérêts divers et variés. Cette audience est plus complexe car elle ne partage pas de culture commune, ne vit pas forcément les mêmes problèmes et n’a pas non plus la même maturité d’un sujet. Ce qui fait que dans la même salle on peut se retrouver avec des personnes qui découvrent le sujet, d’autres qui en sont à leur seconde conférence sur le sujet, des personnes qui sont là pour networker et d’autres pour avoir une réponse précise à un problème qui ne concerne qu’eux. 

Quel est votre style d’intervention ? 

En fait j’ai 4 styles d’interventions en fonction de la demande du client, du format et du temps alloué. Je vous invite à lire cet article ou voir la vidéo. 

  1. Mise à jour. Dans ce cas mon intervention se concentre sur des exemples très concrets et adaptés au quotidien de l’audience. Evidemment, j’aurai au préalable parlé à plusieurs membres de l’audience pour connaître leurs questions et mesurer leur niveau de maturité sur le sujet. Depuis deux ans j’expérimente aussi les « 90% Q&A » dans lesquels mon intervention consiste à répondre aux questions de l’audience après une courte intervention dont l’objectif est de déclencher les premières questions. 
  2. Animer un moment faible. C’est à dire que mon intervention précède une soirée, un lancement produit ou la présentation des chiffres de l’année. Bref, mon intervention n’est pas le point fort de la journée ou de la soirée. Dans ce cas, je propose un spectacle dans lequel j’emmène l’audience dans une histoire mettant en scène les parcours méconnus d’innovateurs ou le mien.
  3. Inspiration. Ici la base de mon intervention est mon parcours. Les obstacles rencontrés et les leçons apprises. 
  4. Compréhension. Il s’agit ici d’une intervention pour présenter un sujet qui est complètement nouveau à une audience. Dans ce cas là le mêle storytelling avec outils concrets et exemples d’entreprises. 
Peut-on devenir « Expert en innovation » ?

Peut-on devenir « Expert en innovation » ?

Après avoir émis des doutes sur le fait d’accoler les mots « expert » et « innovation » ensemble, peut-on devenir expert en innovation ? Es-tce une question de personnalité, de formation ou de parcours ? 

Expert en innovation, un état d’esprit différent et non une “expertise”

Les idées innovantes viennent de partout, ok, super, mais ne viennent-elles pas d’abord de personnes curieuses, qui s’intéressent aux autres et qui sont capables de relier plusieurs domaines de connaissances ? Des personnes qui n’ont pas peur de la hiérarchie, de ce que pensent les autres et qui se fiche de la réalité comme de le leur premier stylo-bille 4 couleurs ? À votre avis, trouverez-vous des informations sur la capacité d’innover, d’être créatif et curieux dans un CV ou dans un profil LinkedIn ? 
 
C’est le moment de vous demander ce que vous cherchez ou attendez d’un intervenant en innovation : des experts au diplôme rassurant qui vous citeront de belles histoires mettant en scène Steve Jobs, Dyson ou l’entreprise Favi et que tout le monde peut trouver en 5 minutes de recherche sur le net ? Des experts vous expliquant que la construction de Notre Dame a demandé plus de 1000 innovations ? (pas très utilise sauf si vous souhaitez construire une cathédrale bien sûr).
Pensez-vous que ce sont des compétences, de l’expérience, des diplômes et des histoires qui vous aideront ? Où pensez-vous que ce sont des expérimentations et une façon de voir le monde différent de la vôtre (avec des pieds solidement ancrés dans la réalité de votre entreprise) ?

Des innovations personnelles

Je n’irai pas jusqu’à vous dire de vous méfier des consultants en innovation qui portent une cravate et une chemise bleue, mais tout de même… Comment être capable d’oser, d’inventer, de se mettre un minimum en danger et de défier ce foutu “statu quo” (terme utilisé à tout-va par les Anglo-Saxons) si c’est pour recevoir un expert en innovation qui s’habille…comme vous. Bien sûr, l’habit ne fait pas le moins, mais n’empêche, il donne tout de même une très bonne indication de qui nous avons à faire. Dès que l’on parle innovation, dépassée votre attende de similitude rassurante et intéressez-vous aux innovations personnelles de celui que vous jugez être un expert en innovation*. Est-ce qu’elle ou il – selon l’expression anglaise – “Walk the talk”?

Qu’a-t-il inventé dans son activité et quel risque a t’il pris qui le crédibilise dans l’innovation ?

Prenons un exemple que j’aime beaucoup : L’équipe de Reboot et Tredemic. Ces collevtifs ont été créés suite à la création de deux entreprises précédentes :
○  InsideHR en Australie qui a détourné les codes du conseil, du recrutement et des Ressources humaines en 1) comprenant les valeurs de leurs clients et en proposant aux entreprises des candidats non sollicités qui disposaient de ces valeurs et 2)Considérer les candidats comme des stars en leur proposant d’être leur agent. 
○  Technoraid en France qui a transformé l’expérience de la compétition en proposant une solution d’aventure “clé en main” et construit un véhicule de course en proposant notamment 1) Des “applications” qui étaient installées en fonction des conditions de course APRÈS l’achat de la voiture à l’opposé des “options” qu’il faut commander à l’achat du véhicule 2) Des mises à jour gratuites pendant 2 ans comme sur l’iPhone dont le business model nous a inspiré. 

En clair, nous n’avions aucune idée que nous faisions de l’innovation ! Nous faisions juste des affaires de façon différentes de nos concurrents pour tenter de survivre. C’est lorsque les grands constructeurs automobiles nous ont demandés comment nous avions conçu un véhicule performant en 6 mois, que nous avions compris que nous avions fait quelque chose de vraiment original et innovant. L’histoire de Trendemic débute par deux disruptions, celle du secteur du conseil celle de la construction automobile. Une réussite…et un échec. Oui, le 4X4 en 2010, innovant ou non, pas l’idée de l’année…

Portrait-robot de l’expert en innovation

Une expérience de l’échec

Dans l’innovation, l’échec est aussi important que la réussite ! Méfiez-vous de l’expert qui vient vous raconter qu’il a permis a ses nombreux clients de trouver de nombreuses idées géniales. Creusez un peu. Avoir un compteurs d’idées à l’issu d’un brainstorming ne sert à rien. Combien de ces idées ont été réalisées en réalité et quel a été leur résultat économique ? Quand on fait appel a des consultants en général, il est toujours intéressant de leur demander de partager les échecs qu’ils ont vécus, leurs raisons, ce qu’il en ont appris et ce que cela a changé dans leurs pratiques pour éviter que ces échecs surviennent de nouveau…notamment chez vous.

L’expert en innovation n’a pas forcément 50 ans.

Réflexion que j’ai reçue à plusieurs reprises de la part de membres d’une association connue pour le progrès du management : “Vous n’êtes pas un peu jeune pour intervenir ?” Arrrrgh…et je suis poli. 
C’est vrai que l’âge rassure, surtout en France, et surtout si vous n’êtes pas dans le woueb ! Je ne vais pas faire dans la dentelle, mais toute action de changement et d’innovation qui n’implique pas de jeunes salariés (en termes d’ancienneté et/ou en âge) a de forte chance de capoter.
Heureusement, des innovations très sympas sont en cours, notamment chez Pernod-Ricard et leur « codir jeune« . Effet d’affiche ou vraie innovation… À suivre. Expert en innovation

L’expert en innovation ne va pas vous vendre un nombre d’idées garanti.

Bon, il faut aussi reconnaître que ce sont les clients les premiers qui aiment qu’on leur dise qu’à la fin d’une séance de brainstorming, ils auront un certain nombre d’idées. La plupart du temps, c’est le chiffre de “200” qui est annoncé. Qu’est-ce qui est important ? Le nombre d’idées inscrites sur des Post-it ou de l’autorisation que vous donnez aux participants d’oser donner leurs idées ? 

L’expert en innovation connaît vos valeurs et votre culture d’entreprise.

Peu importe le type d’innovation que vous souhaitez mettre en place, toute personne travaillant avec vous doit commencer par comprendre qui vous êtes. Par exemple, lors de la sélection d’idées issues de vos rencontres créatives et autres Brainstorming, le premier critère de sélection sera l’adéquation de ces idées à vos valeurs. Valeur et culture étant prioritaires aux autres moyens de sélection que sont universalité, coût, réalisme ou délai.

L’expert en innovation fait de vous la personne la plus intelligente de votre entreprise.

En 1886, les Britanniques William Gladstone et Benjamin Disraeli étaient en lice pour devenir Premier ministre. En résumé, celui qui aurait le poste dirigerait le monde de l’époque. L’histoire – ou la légende – veut que la semaine précédente la nomination, ils invitèrent tous les deux la même femme journaliste à dîner. À l’issue de ces dîners, la jeune femme aurait dit “Avec Mr Gladstone, j’ai pensé que je passais la soirée avec l’homme le plus intelligent d’Angleterre. Après mon dîner avec M. Disraeli, j’ai pensé que j’étais la personne la plus intelligente d’Angleterre”. 
 

expert en innovation manifeste d'entreprise HolsteeL’expert en innovation doit être un Disraeli ! L’expert doit guider son client sans direction déterminée à l’avance et l’aider à avoir les idées les plus géniales/rémunératrices grâce à sa méthode, tout en prévenant les écueils et autres dangers qui peuvent survenir sans jamais imposer son point de vue.

Oui, il doit avoir l’humilité de laisser penser à son client qu’il serait arrivé à mener son projet sans lui. C’est la base de ce qui s’appelle le “Naked Consulting” qui est décrit dans cet ouvrage vraiment génial….

Cet article sur l’expert en innovation a déjà été publié dans le blog de Trendemic

*Normalement, un expert en innovation ne se proclame jamais expert…

Définition de l’expert en innovation

Définition de l’expert en innovation

Expert en Innovation ? Vous avez-dit expert en innovation ? Comment peut-on se prétendre expert en innovation alors que personne n’arrive à se mettre d’accord sur ce qu’est une innovation ? 

 

Innovation, un bon gros mot valise des familles

Définition de l’expert en innovation. Le mot innovation en lasse plus d’un. Le nombre de dirigeants du S&P 500 et du CAC 40 qui utilisent le mot innovation dans leur rapport annuel a doublé en 10 ans. Tout est devenu innovation. Le mot « Innovation » se vide de son sens à force d’être utilisé à tort et à travers par tous, pour tout et partout.
Ce qui nous amène à la question du moment : Pouvons-nous auto-déclarer des produits, pratiques, Business-Model etc.. comme innovant. Si c’est le cas, peut-on se déclarer « Expert en innovation » ?

Sérieusement, comment peut-on devenir expert dans un sujet aussi flou que l’innovation ? Un mot planche de salut dont les approches pullulent en ce moment, du Design Thinking au Business Model Canvas en passant par le Lean Start-up et Service Design ?

Certains aimeraient remplacer par d’autres mots comme imagination ou invention mais ça ne fonctionne pas. Innovation n’est pas un synonyme de ces mots. définition expert innovation

 

Définition du vocabulaire de l’innovation

Imagination : C’est avoir des idées sans cadre et sans direction particulière. C’est rêver à ce qui arriverait si… C’est divaguer lors d’un état de fatigue. L’imagination est personnelle et se fiche de la pesanteur et des lois de la physique en général.

Créativité : La créativité est un processus mental qui permet d’obtenir des idées nouvelles dans un cadre imposé et une direction donnée. Ce cadre pouvant être un brainstorming ou une contrainte de temps, légale, économique, etc. La créativité c’est donc mettre l’imagination dans un cadre.

Invention : Souvent une idée créative reste floue jusqu’à ce quelle entre dans la phase de test ou de proptotypage pour devenir alors une invention. Pensez Vinci, pensez Edison. L’invention fait entrer l’idée créative dans le monde physique alors que l’imagination et la créativité qui sont des processus mentaux. Contrairement à l’innovation – qui peut être une amélioration continue d’un produit/service/process qui existe déjà – une invention n’existait pas avant.

Innovation : Malgré la récupération de ce terme par la R&D, puis plus récemment par le monde du digital – notamment avec l’innovation week – l’innovation peut être décrite comme “un jugement a posteriori d’une idée mise en place”.
Quand votre invention est devenu un produit que vous vendez, un service que vous proposez ou un procédé que vous utilisez… Il ne s’agit peut être pas d’une innovation. Il deviendra innovant s’il change de façon nouvelle vos procédés de fabrication, les habitudes de consommation de vos clients.

On peut-être d’accord ou pas avec ces définitions de l’innovation mais ce sont les sens que l’on retrouve le plus en entreprise. définition expert innovation

 

Définition de l’expert en innovation

Une fois un minimum de définition posé, si vous souhaitiez créer la fiche de fonction d’un expert en innovation, vous obtiendriez cette liste :

○ Apporte des méthodes et outils pour faire émerger des idées des équipes
○ Résout ou participe à résoudre une difficulté technique liée à la mise en oeuvre d’un projet
○ Conseille en protection et financement d’une idée innovant ou d’un projet d’innovation
○ Réalise des tests et essais de projets innovants
○ Assiste à l’intégration d’un réseau d’entreprises innovantes
○ Conseille sur l’organisation de l’entreprise pour favoriser et soutenir l’innovation
○ Développe les compétence spécifiques pour mener à bien un projet d’innovation
○ Améliore les capacités de management de l’innovation des managers définition expert innovation
○ Favorise l’adption de l’innovation comme valeur et comme élément de la culture d’entreprise
○ Forme les managers à développer la créativité dans leurs équipes
○ Assiste dans les pratiques de benchmarking et la « cross-pollination »
○ Aide à concrétiser les idées en les transformant en projets

 

Peut-on devenir expert en innovation ou le devient-on ?

Pour résumer, un expert en innovation aide à reformuler un problème pour aider à le voir sous un autre angle et accompagne ses clients sur le chemin de la solution jusqu’à sa réalisation concrète. Et-ce que personne ne voit l’ironie de cette définition ?
C’est bien sur une bonne chose d’apporter de l’aide pour résoudre un problème mais…

1 – L’expert en innovation apporte des méthodes et outils pour aider à reformuler le problème et accompagner l’innovation. Il s’inspire d’exemples utilisés dans d’autres entreprises. Attention à ceux qui utilisent toujours les mêmes exemples de Dyson à Apple en passant par Google, 3M ou Ford et son cheval. Ne devrait-on donc pas les appeler plutôt « Experts en benchmarking » ou experts en pollinisation, pour utiliser un mot à la mode ? définition expert innovation
2 – Si  l’expert en innovation assiste les entreprises à innover, ne faudrait-il pas plutôt le qualifier « d’assistance créative » car…il n’innove pas lui-même au final. C’est son client qui innove et prend les risques.
3 – Si l’expert en innovation sert de maître d’oeuvre en orchestrant le travail des enquêteurs, designers, fabricants et commerciaux, n‘est-il pas simplement…un chef de projet ?

 

Et si on repensait la relation entre l’innovation et l’expertise ?

Traditionnellement, les problèmes que nous rencontrons, qu’ils soient physiques, psychologiques, économiques, organisationnels, etc. sont résolus par des experts en médecine, en économie, en réseaux sociaux, en recrutement, en tutti quanti. Bref des gens qui ont lu tout ce qu’il y avait à lire sur le sujet et rencontré (et résolu) tous les problèmes imaginables dans leur domaine de spécialité. Il est donc très légitime que dans notre époque troublée de transformation et de pression concurrentielle et fiscale de plus en plus étouffante, une économie stagnante et un environnement qui part en sucette nous cherchions des experts pour nous aider. définition expert innovation
 
Seulement voilà, une expertise est prouvée par un diplôme, des réussites et une expérience passée. Pourtant, le monde de l’innovation ne demande pas d’autre expertise que d’être ouvert au monde, pas d’autre diplôme que celui que vous avez et il y a de fortes chances que votre expérience vous serve d’avantage à éviter l’échec qu’à mener une réussite. En plus, n’importe qui peu venir de n’importe où vous donner de brillantes idées comme le prouve la popularité des plateformes d’innovation ouverte.
 
Finalement, et si vous n’avez pas besoin d’expertise en idées nouvelles, mais de curiosité en idées bizarres… 
 

Article déjà publié sur Trendemic, conseil en innovation stratégique

 

 

Comment choisir un conférencier en innovation ?

Comment choisir un conférencier en innovation ?

Comment choisir le bon conférencier innovation quand l’avenir de votre entreprise pourrait être dans la balance* ? 

conferencier innovation 1Voici quelques pensées provenant de mon expérience issue de mes rencontres avec animateurs, journalistes, organisateurs d’événements, responsables d’agences de com, dirigeants ou directeurs de la com, des RH ou des ventes.

Tous se posent la même question : comment être sûr que nous allons choisir sur le bon expert ou conférencier innovation ? Un conférencier qui nous aidera à prendre de la hauteur, nous apportera de la valeur, nous montrera les premières étapes à suivre et qui le fera de façon didactique, passionnante, inspirante et participative.

La question est légitime : les prix des interventions augmentent d’année en année et il n’y a toujours pas de clause « Satisfait ou remboursé » dans le monde de la conférence.

Et c’est une bonne chose, car parfois un intervenant doit déranger pour apporter de la valeur. On ne peut pas avoir de frites à tous les repas, il faut aussi passer par les haricots verts de temps en temps !

 

8 questions pour bien choisir votre conférencier innovation

Le conférencier ** a-t’il une méthode reproductible et pas « un message » ?

Une présentation sur l’innovation ne doit pas se contenter d’être inspirante. Pour avoir des résultats tangibles, elle doit apporter une méthode à suivre qui puisse être utilisée rapidement par l’audience.
A moins que vous ne cherchiez à émuler une conférence TED, dans ce cas-là bien sûr, cherchez le message et la façon dont il est délivré.

Après l’intervention, vous devez avoir la motivation de changer, de créer, de collaborer – certes – mais vous devez aussi savoir par où commencer votre transformation.

Le conférencier partage-t’il ce qu’il a expérimenté ou seulement sa réussite ?

Souvenez-vous que l’audience se demandera « Comment puis-je appliquer ce qui est dit dans mon équipe ou dans mon entreprise ? »
Alors, une double médaille d’or, la découverte d’un vaccin ou la création de Facebook…c’est extraordinaire…mais compliqué à reproduire.

Est-ce que l’experte innovation est connue dans votre secteur économique ? 

Si vous cherchez l’innovation, l’Out of the box, comme disent les anglophones, choisissez un intervenant extérieur à votre secteur. Ce sera à vous d’identifier ce qui est transférable dans votre secteur selon votre culture d’entreprise.

Que cela ne vous empêche pas, lors de la préparation, de lui donner le vocabulaire métier et votre contexte pour que l’intervenant puisse préparer des passerelles entre son propos et les défis que vous devez relever.

Oui, je sais, la transformation, la difficulté de recruter, les comportements des plus jeunes. Ces sujets sont intersectoriels et internationaux donc pas de panique.

Est-ce que le conférencier se prend (trop) au sérieux ?

Choisissez un conférencier innovation qui cherchera à comprendre votre organisation, sa culture, le parcours de ses dirigeants, les défis actuels et les valeurs partagées.

Si l’intervenant n’est pas là pour vous expliquer votre métier, il doit pourtant connaître vos valeurs et votre vocabulaire métier pour vous montrer que, pour le temps d’une soirée, votre entreprise est son entreprise.

Est-ce que l’intervenant a lui-même…innové ?

C’est stupide à dire, mais à moins que vous ne cherchiez un cours sur l’état de l’art ou une méthode académique, sélectionnez un conférencier qui a mis les mains dans le cambouis pour de vrai, qui en a tiré des histoires, des conseils, des échecs et beaucoup de sagesse.

Est-ce que le conférencier innovation sait utiliser les outils actuels ?

Je parle ici des réseaux sociaux. Les conférenciers sont aussi des médias. Il porte peut-être une cravate, mais dispose-t-il d’un blog un minimum achalandé ou une page « overblog » montrant sont décalage ? A-t-elle des vidéos de lui en conférence ou est-il trop inquiet de se faire plagier ?

A-t’il une chaîne YouTube, un podcast, un compte Twitter, une page Facebook. Voir, soyons fou, un compte Instagram ou Snapshat ? Il ne s’agit pas de juger son expertise en I.T., mais simplement de connaître son adaptation au monde qui nous entoure. Nous parlons d’innovation après tout !

Est-ce que les exemples utilisés par l’expert sont utiles, adaptés et récents ?

S’il existait un bingo des conférences en innovations, il y aurait des mots que l’on pourrait mettre immédiatement : transformation, appel, Kodak, big-data, quick-win, disruption. Je m’arrête là. Mais au-delà de ces mots un peu usés, est-ce que votre conférencier utilise des exemples :
Usés voir dépassés comme Steve jobs, Kodak, Polaroid ou Nokia ?
Attendus comme Apple, Tesla, Nespresso ou Pixar ?
Faux comme la citation de Ford « Si je demandais à mes clients ce qu’ils voulaient, ils me répondraient un cheval plus rapide » qui n’a jamais dit ça ou qui vous cite le programme des 20 % de Google qui permet aux salariés de passer 20 % de leur temps à réfléchir à des projets…et qui n’est plus d’actualité depuis 2011.

Est-ce que ses slides sont « présentables » ?

Je mets ça à la fin, car ce point est moins important. Enfin, moins important jusqu’au moment vous serez assis pendant 45 ou 90 mn pour vous taper des slides de liste o puce avec un type qui vous tourne le dos pour les lire (oui, ça existe encore dans la nature.)

Co-construire une conférence avec 400 personnes

Co-construire une conférence avec 400 personnes

Co-construire une conférence répond à la question : comment sortir des standards habituels des conférences selon lesquels « L’expert parle, l’audience écoute » ? Voici comment j’adapte mes interventions à l’expérience et aux attentes de l’audience au lieu de les enfermer dans un déroulé linaire de slides. 

Le constat

C’est juste une évidence, les clients ne demandent plus seulement une « expertise » mais désormais, ils veulent également un « format » de conférence qui devient de plus en plus court et de plus en plus « interactif ». IL ets temps de passer de la conférence interactive après sa création à co-construire la conférence dès sa conception. Ou laisser l’audience choisir dans quel ordre elle souhaite voir se dérouler l’intervention ? 

Il n’y a pas de raison unique à cette demande croissante, je pense que vous pouvez piocher dans cette liste :
a) Ils ont été déjà pris en otage par une intervention chiante et interminable.
b) Ils ont découvert récemment le format TED et trouvent ça moderne.
c) Ils ont le temps d’attention d’un poisson rouge. (ou vert ou bleu)
d) Ils cherchent un « intervenant intermède » qui égaie l’assistance entre la présentation des résultats trimestriels et le groupe de travail sur la concurrence chinoise. (ou entre la poire et le dessert)
e) All of the above.

On veut du court, on veut du spectacle, on veut du fond, on veut l’expert à la mode, mais surtout, on ne veut pas se faire ch..

Les conférenciers professionnels…

Je ne parle pas ici de ceux et celles qui ont parlé devant l’amicale des anciens élèves de leur école ou qui ont fait une présentation devant leur directeur des ventes. Je parle des pros qui gagnent une partie non-négligeable de leur salaire avec leurs interventions.

Je ne parle pas ici des « experts minutes » – ces généralistes (voir opportunistes) qui animent une intervention sur un sujet pour une seule représentation – et qui sont en train de disparaître pour être remplacés par des conférenciers-experts qui traitent de très peu de sujets, mais qu’ils connaissent à fond depuis longtemps.

Les clients privilégient aujourd’hui ces experts qui ne parlent que d’un sujet et d’un seul ! Ce qui rend de plus en plus compliqué de vendre une multi-expertise. Ça ne m’arrange pas du tout, mais c’est comme ça.

Bref, revenons au sujet. La scène appartient désormais à ces conférenciers professionnels qui respirent leur sujet à force de pratique et d’expérience. Ils maîtrisent tellement leur sujet que – même si ça n’empêche pas le coup au cœur avant de se lancer – ne se mettent plus en danger et suivent leur petit train-train habituel avec leurs slides en guise de rails.

Leur présentation est bien ficelée, leurs blagues bien ajustées et leurs réponses aux questions bien calibrées. Aucun problème bien sûr, sauf que si vous assistez à plusieurs interventions du même expert, et bien…c’est la même chose. Je pense à Luc Ferry, Jacques Attali, bref, les stars que vous pouvez être amené à écouter plusieurs fois.

Bien sûr que j’admire ces experts, mais cependant 2 choses me chiffonnent :

  • Où est le challenge intellectuel de répéter la même chose quand on n’est pas un acteur (cf l’intervention de David Bitton à Creative-Day).
  • Et comment faire quand on est incapable de répéter la même chose. Je pense notamment à mon souci d’iconoclaste dont j’ai eu la chance de parler pour la première fois en public sur la scène de TEDxAlsace. Bon, ce n’est pas une condition médicale, n’exagérons pas.

Mon expérimentation de co-construction d’une conférence

J’expérimente désormais la co-construction de mes conférences avec l’audience jusqu’à 500 personnes (pour l’instant) à la condition d’avoir 45 minutes d’intervention minimum.

L’idée ou le challenge est de rester en déséquilibre sur des sujets que je maîtrise et de me rapprocher du format d’intervention qui sera demandé le jour où les clients seront sortis de leur phase TED : les interventions majoritairement en Q & A !! Ce qui explique pourquoi je réalise de plus en plus de vidéos en mode Q & A pour répondre aux questions de ma communauté.

Nous n’en sommes pas encore là, car nous avons en France une approche encore trop scolaire de la conférence, mais je vous promets, nous y arrivons. Les clients commencent à comprendre qu’il a beaucoup plus de valeurs à capter en demandant aux intervenants de répondre à leurs questions et à leurs inquiétudes qu’à les écouter comme des veaux !

Ce jour-là, il se passera 2 choses :
Le ménage : les mauvais, les plagiaires et les fumistes vont dégager violemment.
L’inflation : les honoraires des bons vont augmenter radicalement.

Comment faire pour co-construire une conférence ?

1 – Construire les slides – Beaucoup de slides

co-construire une conférence avec benjamin chaminade

Dans l’attente du jour où tous les conférenciers seront devenus des maîtres es-storytelling (Pensée à Michael Aguilar) les clients aiment encore les slides (surtout les slides beaux et cohérents !). Ça passe le temps si le conférencier est nul, si tout son texte est sur le slide, pas besoin de l’écouter, et puis, surtout, on a l’habitude de bouffer du slide !

Pour cette partie de création de slide, vous devez connaître les clichés les plus populaires sur le sujet que vous traitez et en faire des slides. Pour les identifier, collecter les questions qui vous sont les plus souvent posées et les croyances les plus solidement ancrées. Pas compliqué si vous êtes un pro de votre domaine. 

Prenons quelques exemples :
> Concernant l’avenir du travail : il y a de plus en plus d’indépendants. (n’importe quoi.)
> Concernant le management : l’entreprise libérée est l’avenir de l’entreprise. (et ben voyons)
> Concernant l’innovation : il faut être disruptif. (ok, mais d’abord savez-vous ce que cela signifie ?)

Pour chaque question, cliché ou croyance identifiée : hop, un slide (beau et cohérent) que vous présentez à l’audience. Ce qui lui montrera que sa question est légtime, car vous l’aviez devancée. C’est la première étape pour co-construire la conférence : adapter votre présentation aux questions qui vous sont posées.

Digression : je parle de cohérence en référence à ces conférenciers qui ont certes compris qu’il fallait mettre des photos au lieu de textes ou de bullet-point, mais qui n’ont pas encore compris que ces photos devaient avoir une cohérence entre elles tout au long de l’intervention. Vous racontez une histoire, vous ne tricotez pas une couverture en patchwork au coin du feu !

B.a.-ba de la profession, mais je le rappelle quand même : pour chaque cliché ou croyance identifiée : un chiffre et une histoire vécue. Lorsque dans les étapes suivantes, vous allez engager le public dans une conversation, les slides prouveront que vous avez bûché votre sujet, mais il vous restera à détromper les croyances de votre audience sans doute néophyte et à compléter leurs propos avec des faits solides et des histoires bien racontées !

2 – Ne pas se présenter comme expert, mais comme praticien

Les experts auto-proclamés ont vécu, vive les témoins, les curieux et bien sûr, les praticiens du quotidien !

Ça fait quelques années que j’ai quitté la posture d’expert et que je contredis ceux qui me présentent comme tel. Regardez-la vidéo ci-dessus. Je remercie la journaliste qui m’a présenté comme expert avant de préciser que je suis un témoin, issu du rang, qui n’a que pour seul avantage d’avoir pris le temps de me poser.

Sous-entendu : ce que je vais vous dire, vous l’auriez trouvé vous-même si vous n’étiez pas pris par votre quotidien.

Cela va sans dire, ce sont les histoires que vous allez raconter lors de votre conversation avec le public qui va établir que vous êtes un praticien si ces exemples sont issus de votre pratique ou un témoin si vous présentez un sujet de façon transversale en utilisant des exemples d’entreprises que vous ne connaissez que par la presse.

3 – Mettre l’audience en condition

Nous avons été mal éduqués, si nous allons en conférence, c’est d’abord pour écouter, comme en classe ou comme au spectacle. Ce qui explique d’une salle « se travaille » et c’est au conférencier de mettre chaque membre de l’audience dans l’état d’esprit de participant actif et pas de légume.

À moins que vous n’interveniez sur un sujet qui fait polémique ou que vous n’ayez pas préparé une question « clivante » comme par exemple : « Que pensez-vous des jeunes de maintenant ? » Vous devez vous attendre à vivre un petit moment de solitude. Remarquez comment je rebondis dans la vidéo ci-dessus à 2m38s devant l’absence de réactivité de l’audience :

1> Je laisse le choix à l’audience de rester dans la posture de spectateur. En mettant un peu de pression dans le ton quand même.
2 > Je propose une alternative : notez ce qui vous étonne dans ce qui va suivre et n’oubliez pas ce qui vous inspire et que vous pourrez transformer en action à mener.

Avec l’expérience, j’ai une liste de 2/3 questions qui fonctionnent pas mal pour lancer un débat. J’ai hâte que vous assistiez à une de mes interventions pour les découvrir

N’oubliez pas que la première question ou le premier témoignage est le plus difficile à obtenir. C’est comme une soirée ennuyeuse : une fois le premier invité sur le départ, tout le monde suit. Co-construire une conférence se sert aussi de ce biais cognitif. 

4 – Faire participer l’audience pour construire la conférence : duh

Oui faire participer l’audience ! Je vous assure que c’est là que l’on reconnaît les conférenciers de talents : ils n’ont pas peur de parler à leur audience, ils sont impatients d’arriver au moment de Q & A de leur intervention, au point parfois de rester au buffet qui suit pour continuer la conversation !

Bref, mettons que vous avez posé la bonne question et que le micro commence à circuler dans la salle, c’est à vous de jouer :

> Laissez le temps aux personnes de s’exprimer et ne leur coupez pas la parole même s’ils disent des énormités ou sont hors-sujet. Quelque chose que j’ai remarqué est que très souvent les premiers témoignages ou premières questions sont les plus réfléchies et les pertinentes. Passé la 4e ou 5e intervention par contre ça peut parfois tomber dans le grand n’importe quoi : du hors sujet total, jusqu’aux questions incompréhensibles en passant par le « je te raconte ma vie » parce que je le vaux bien.
> Remerciez ceux qui apportent un témoignage en leur posant éventuellement une question dont la réponse vous paraîtra utile au reste de l’audience (ou qui vous permettra de capter du vocabulaire technique si vous n’avez pas bûché votre audience.).
> Et bien sûr, sélectionnez à la volée le slide qui correspond au témoignage qui vous a été donné pour rebondir et – toujours en regardant la personne qui est intervenue – compléter le propos, détromper la personne avec des chiffres si besoin et raconter votre histoire, fait ou connaissance sur ce témoignage.

Et je réalise en écrivant ces lignes que si vous utilisez des slides (ce que je déconseille si vous ne maîtrisez pas le Storytelling, Contactez d’urgence Thierry Croix si c’est le cas.) il va vous valoir, vous équiper avec une app de présentation qui vous permette de sélectionner les slides de façon non-linéaire. Si vous êtes sur Mac, Keynote est bien sur incontournable, si vous êtes sur PC, j’admire votre coté underground, mais je ne peux pas vous aider.