Créatif ou Productif ?

Créatif ou Productif ?

Créatif ou productif ? C’est vraiment la question que je me pose aujourd’hui.

1er jour de ma première « Retraite productive » de l’année dans une chambre d’hôtel d’Ouistreham. Oui, d’habitude, je suis à Sydney, Oahu, Tokyo ou Cape Town. Cette année je suis à Ouistreham. Tout est fermé, il fait froid, rien d’autre à faire que réfléchir. L’Idéal. 

Objectif : ne pas sortir de l’hôtel pendant 3 jours et ME CONCENTRER !

Créatif ou productif

Je suis ici pour me « remettre » en production sur l’écriture de ma nouvelle chaîne Youtube sur l’innovation « No one is innovant » que j’espère inaugurer la semaine prochaine.

Ou la semaine d’après.

Ou celle d’après.

En-tout-cas avant de lancer une  chaine senior. Pensée à sa famille, Peter est décédé 2 jours après sa dernière vidéo.  

Disparitions

Cette « retraite » fait partie des 3 « disparitions » que je me réserve par an :

1> Les creative Breaks qui marquent la fin d’un cycle créatif. Souvent à l’étranger, séjour d’une semaine maximum avec 3 livres et pas d’ordinateur. Voir la vidéo à ce sujet

2> Les retraites productives qui marquent le lancement d’un nouveau projet ou une activité précise à terminer : Un livre, une série d’articles, des vidéos. Bref, se bloquer du temps loin du bureau et produire pour produire.

3> Les reboots, plus sportifs et qui se déroulent pendant une semaine dans la saison opposée à celle où se trouve la France à ce moment-là. Hiver en France > Australie pour l’été, été en France > Australie pour l’été. Ah, tiens, je n’avais pas remarqué…

Ces 3 retraites particulières ne sont pas déclenchées par un calendrier, mais par la conscientisation d’un épuisement créatif. Celui-ci se traduisant par de la fatigue, une déprime, une remise en cause, l’impossibilité de rester devant un ordinateur, et donc de produire quoi que ce soit. Vous êtes vidé et vous le sentez.

Il semble que Bill Gates fasse un mix des 1 et 2. J’ai trouvé l’info en cherchant Bill Gates + Cheese Sandwich sur Google. Ce qui m’a mené Ici et surtout . Il appelle ça les « Think Weeks » et pendant une semaine, il cherche des tendances et mange des… .

Alors bon, les escapades, c’est bien sympa, mais il est temps de repenser le temps dépensé entre chaque disparitions volontaires.

Je vois 2 possibilités. S’il y en a 3, vos commentaires sont les bienvenus.

1 – Suivre une méthode pour choisir entre créatif ou productif

J’entends par là et dans le désordre :

  1. Écouter les 150 heures (and counting) de Podcast de Tim Fucking Ferris qui déconstruit les pratiques des « meilleurs » pour comprendre les sources de leur productivité, créativité et toussa.
  2. Acheter les produits et ustensiles que les uns et les autres utilisent pour améliorer leur prod (Voir Kit.com).
  3. Adopter le style de vie d’un autre à base de méditation le matin après une séance de sport, 15 minutes dans une baignoire pleine de glace et de la protéine comme s’il en pleuvait.
  4. S’inspirer de témoignages « connus » de Henri Ford (99 % de transpiration), Einstein ou – pour faire moins tarte à la crème – celui de Bruce Allen (professeur à l’institut Max Planck) qui aime se remémorer ce que lui a un jour dit Stephen Hawking pour expliquer pourquoi il ne quittait jamais son travail après 18h00 :

“Bruce, voici un conseil : le problème avec la physique est que la plupart des temps, on ne fait aucune avancée dans nos projets. C’est pourquoi il faut faire d’autres choses : écouter de la musique, rencontre des amis. Il y a une exception à cette règle : Si vous trouvez une solution à un problème donné, vous travaillez 24 heures sur 24 et oubliez tous le reste jusqu’à avoir résolu le problème entièrement.”

La question, est-ce que ça marche si vous ne vous appelez pas Bruce ?

2 – Inventer sa méthode

Monter sur l’épaule des géants comme disait l’autre (Pour info : nanos gigantum humeris insidentes) et adapter son propre modèle.

Je tâtonne, mais je pressens qu’il y a un sens pour prendre le truc par le bon bout de la raison. (oui, comme disait encore un autre)

  1. Identifier ses besoins physiologiques (sommeil) et périodes habituelles de concentration (Matins et soirs, ça va être pratique.).
  2. Planifier ce qui doit être fait en créant une to-do-list. C’est de l’anglais, mais c’est d’abord une pratique aussi ancienne que l’antiquité. Sauf que dans l’antiquité, ils ne notaient pas, ils utilisaient leur mémoire. Eux.
  3. Retrouver les méthodes qui existent ou les réinventer pour apprendre, se concentrer, produire, écrire, etc.
  4. Faire rentrer 3. dans 2. et 2. dans 1

En-tout-cas, ne jamais être occupé pour le plaisir d’être occupé ! Ce n’est pas de la productivité, mais de la procrastination déguisée.

Et là, je réalise que j’ai une vidéo sur la procrastination dont je procrastine le tournage.

À suivre…

Créativité et Marche à Stanford

Créativité et Marche à Stanford

Marche créative. Développer sa créativité en marchant. Une théorie prouvée par 2 chercheurs de Stanford. 

Tout commence par un rituel d’entreprise.

Si vous vous intéressez à la culture de l’innovation, il est passionnant d’étudier les rituels établis par tradition dans certaines entreprises connues.

Pour info, un rituel est la démonstration des règles et habitudes fixées par la tradition et imposées par l’histoire de l’entreprise (les déjeuners en 2/2 du club med, les matinées surf à Inside HR) ou les croyances de ses dirigeants (aux débuts d’Amazon, Bezos utilisait d’anciennes portes comme bureau pour montrer au salarié que toute économie est bonne à faire.).

Ces rituels peuvent être très classiques comme :
  • L’intégration des collaborateurs qui commence par la présentation de l’historique de l’entreprise comme à Raja ou chez Michelin.
  • Les soirées « Pizza Tuesday » de Coca-Cola Australia.
  • Les remises des prix de l’idée la plus innovante comme chez Orange ou les déjeuners d’entreprise comme à régions job. 
Cepandant, les rituels les plus intéressants sont ceux qui sont tellement liés aux cultures d’entreprise qu’ils ne peuvent pas être copiée comme du prêt-à-porter. Je pense à la fête de la défaite d’Intuit, au chèque au départ de 2 000 $ proposé aux nouveaux salariés de Zappos pour vérifier qu’ils sont bien là pour les bonnes raisons ou aux hackathons d’Atlassian.
 
Parmi ces rituels, il y en a un qui est plus particulièrement attaché aux entreprises technologiques de San Francisco ou ce rituel a commencé : les réunions en marchant. C’est Steve Jobs qui a commencé ce rituel avec de grandes marches qu’il faisait avec certaines personnes pour refaire le monde ou simplement réfléchir comme on peut le voir dans les biopics qui lui sont consacrés. 
 
Ce rituel n’a pas disparu avec lui, bien au contraire, car 2 entrepreneurs influents perpétuent la tradition : 
 
> D’un côté Mark Zuckerberg qui pour certains recrutements propose une promenade à travers Palo Alto jusqu’à un point de vue sur la ville.
> De l’autre Jack Dorsey, fondateur de Twitter et Square qui organise régulièrement ce qu’il appelle « Gandhi walk » qui consiste à marcher 2 miles (3,5 km) entre la statue de Gandhi située au terminal du ferry de San Francisco et le siège de Twitter sur Market Street.
 
Créativité et Marche creative à Stanford
 

Une étude sur l’impact de la marche sur la créativité 

Ce n’est pas une surprise si à une demi-heure de là par train, une étude menée par Marily Oppezzo et Daniel Schwatz du département de psychologie de Stanford montre que la pensée créative, source de l’innovation, s’améliore de 60 % en marchant.
 
L’étude a montré que la marche pouvait booster l’inspiration et le facteur principal est bien l’action physique et pas l’environnement. Cette étude consistait en 4 expériences impliquant 176 étudiants de Stanford. Les participants étaient placés dans 4 conditions différentes :
1 – Marcher sur un tapis roulant OU assis à l’intérieur – à chaque fois face à un mur blanc
2 – Marcher à l’extérieur OU en se étant poussé dans un fauteuil roulant sur le campus pour donner le même mouvement visuel que lors de la marche.
 
Une fois ces exercices réalisés, les étudiants réalisaient 3 exercices de 5 à 15 mn utilisés pour mesurer leur créativité, leur production d’idées originales et leur capacité de « pensée divergente ». 
 
1. Le premier exercice consistait à trouver un maximum d’usages originaux possibles à un objet – comme un trombone ou un pneu par exemple – en 4 mn. Une réponse étant considérée originale si aucune autre personne du groupe n’avait eu cette idée. 
Résultat : la majorité des participants ont donné 60 % de plus d’usages originaux après une séance de marche qu’en restant assis. De façon indifférenciée que la séance de marche ait été à l’extérieur ou sur un tapis roulant.
 
2. Le seconde exercice évaluait la production créative en mesurant la complexité d’analogies complexes spontanées données par les participants à différentes propositions. Par exemple la réponse «  Un soldat souffrant de stress post-traumatique » est une analogie complexe d’un cambriolage », car cela capture le sentiment de perte et de violation. Ce qui n’est pas le cas d’une réponse comme « une maison vide » ou « des tiroirs ouverts ». 
Résultat : 100 % de ceux qui ont effectué une marche pouvaient générer au moins une analogie originale de bonne qualité alors que parmi ceux qui étaient restés assis seulement 1 sur 2 en étaient capable.
 
3. La troisième exercice consistait à donner aux participants une tâche d’association de mots souvent utilisés pour mesurer la concentration. 3 mots sont donnés et les participants doivent trouver le mot qui peut être utilisé avec les 3 mots. Par exemple, quel mot qui peut être utilisé avec Adam, terre et douche…*?
Résultat : le contraire ce qui était attendu est arrivé. Ce sont ceux qui ont répondu en marchant ont eu des résultats moins bons que ceux qui étaient restés assis. Ce qui est censé mettre en évidence que la marche est bonne pour émettre des idées, mais pas pour se concentrer.
 
« Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose. »
Friedrich Nietzsche, 1889.

Comment organiser une marche créative ?

Une réunion créative en marchant s’organise un minimum. Marcher avec quelqu’un devient plus personnel qu’une réunion rigide nous enfermant dans des réflexes anti-innovations qui consiste à écouter d’une oreille discrète tout regardant ses pieds si vous êtes en France et en ville.
 
Alors, comment organiser une réunion en marchant ?

Sélectionner le type de réunion adapté à une promenade

Évidemment, toutes les réunions ne se prêtent pas à l’exercice. L’idéal étant de rassembler un petit groupe avec, comme objectif de réunion, l’émergence d’idées. Penser aussi que ce type de réunion informelle permet d’être plus personnel et informel.

Préparer le chemin en fonction de la durée de la réunion  

La promenade entre les bureaux de Square et la statue de Gandhi ou entre les bureaux de Facebook et le point de vue est de 30 mn. Identifiez aussi des parcours de 15 mn à 1 heure. Évitez les parcours bruyants, trop pentus ou encombrés et ayez une destination en vue (un point de vue, un lieu spécifique. Idéalement, planifiez un retour par un chemin différent de l’aller. Faire un aller-retour case l »effet « aller quelque part ». Et vérifiez la météo. 

Les réunions en marchant sont adaptées sous certaines conditions.

C’est difficile de pouvoir marcher à plus de 3 côte à côte sans se retrouver derrière ou sur la route. Une marche à 9 personnes peut rapidement devenir 3 réunions de 3 personnes ou 4 réunions de 2 avec quelqu’un laissé à part. 
L’idéal est donc la réunion par 2 comme une réunion de reportings, un entretien dans lequel l’absence de formalisme peut permettre de mieux cerner le candidat.  

Prenez en compte la vitesse de votre interlocuteur.

Il ne s’agit de faire ce que les Américains appellent le « sweatworking » mélange de sueur et networking dans lequel vous invitez vos clients, prospects ou fournisseur à venir courir avec vous, vous entraîner à la gym, ou, en ce qui me concerne, surfer.  

Partez léger pour une marche créative.

Gardez juste votre téléphone pour prendre ou dicter des notes si vous ou l’un des participants trouve une idée brillante. Vous n’êtes pas à l’abri, si vous savez les reconnaître.

Prévenez les participants à l’avance. 

Histoire de ne pas vous retrouver en talons hauts. L’objet de la réunion en marchant est de se concentrer sur ses idées, pas ses ampoules.
 
 
Maintenant, si la marche permet de la créativité, ce n’est pas en marchant qu’Archimède a lancé son Eurêka. Je reste un fervent partisan de la douche ou du bain ! Allez, Ofuro pour tout le monde ! 
 
* Pomme