Gérer la mauvaise idée d’un collaborateur

Gérer la mauvaise idée d’un collaborateur

Bonne ou mauvaise idée ? Un membre de votre équipe vient vous proposer une idée. Une idée d’amélioration, une idée de nouveau produit, une idée de nouveau service. Bref, une idée. Mais voilà, à première vue, selon votre expérience et expertise de manager, cette idée vous semble (au choix) :

  • Déjà testée avant que votre collaborateur ne commence à travailler ici
  • Déjà vue chez l’un de votre concurrent
  • Pas très originale
  • Trop chère à mettre en place
  • Trop chronophage

Et vous voilà obligé de dire à votre collaborateur que son idée a déjà essayée ou que vous n’en voyez l’utilité…bref, que son idée n’est pas bonne. 

Grave erreur ! Si vous êtes manager, il y a une règle à connaître concernant les idées proposées par vos collaborateurs. Celle de considérer que :

« Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises idées »

  1. Déjà, une idée peut être incomplète et n’être qu’une intuition (les anglais utilisent parfois le terme de « Itch » pour « démangeaison » à la place d’intuition) qui demandera d’être complétée par une autre intuition pour reprendre l’idée de Steven Johnson dans son bouquin « Where good ideas come from« .
  2. Ensuite, une idée peut-être inadaptée à l’une des deux fondations de l’innovation : votre culture d’entreprise Imaginez Hermes faire de la Fast Fashion) et la capacité de cette idée de vous faire gagner ou économiser de l’argent (si ce n’est pas le cas c’est une invention, pas une innovation
  3. Enfin, une idée n’est que la forme brute de l’innovation. C’est le bloc de marbre qui ne sait pas encore s’il terminera en sculpture au Louvre ou en plateau de table chez Knoll. 

En résumé, si idée est adaptée à votre culture, elle ne peut être ni bonne ni mauvaise tant qu’elle n’a pas été prototypée testée et présentée à un client. 

Mais ce n’est pas tout 

Choisir une mauvaise idée 

Pour compléter une idée, comprendre son adaptation culture/business et la transformer en projet, je propose toujours à celui (ou au groupe) qui a eux l’idée de sélectionner dans quel quadrant la mettre selon de 2 dimensions : 

  1. La dimension de Réalité. Est-ce que l’idée est vraisemblable où est-ce juste une idée marrante, attrayante, dérangeante qui n’est pas adaptée à la question posée ou au sujet d’expérimentation visé ? 
  2. La dimension de Réalisation. Est-ce l’idée est réalisable un jour (peu importe demain ou dans 10 ans) ou  est-ce que cette idée est trop éloignée de notre activité, des moyens allouées et du temps disponible ?

 

mauvaises idées

Simplification du modèle utilisé pour sélectionner les idées qui deviendront des projets.

Pour affiner le modèle et (pour citer Larry Page quand il a abandonné le programme des 20 % des Google), « mettre plus de bois derrière moins de flèches », j’utilise ensuite une notation des idées pour en déterminer la priorité d’expérimenation. Ce classement me sert aussi dans le cadre de l’innovation adjacente (inspirée des tendances) pour faire le tri entre tendances, signaux faibles et modes passagères.

Notation des idées et des tendances

Les chiffres ci-dessous sont purement indicatifs. Une idée ou tendance notée 5/5 ne sera pas forcément meilleure qu’une tendance ou idée notée 0/0. Une idée notée 5/5 sera moins complexe à mettre en place et demandera moins de prise de risque, car elle a été largement documentée. Par contre, il est très probable que vos concurrents l’aient déjà compris et implémenté !

  • Réalité 0 / Réalisation 0 : idée vraiment étrange et complexe à mettre en œuvre. Oserez-vous la considérer ?
  • Réalité 1 / Réalisation 3 : tendance facile à mettre en place mais sans doute jugée comme peu crédible, idée qui n’a sans doute jamais été expérimentée. Foncez ?
  • Réalité 3 / Réalisation 1 : certaines entreprises ont commencé à mettre en place cette pratique, peut-être que des universitaires mènent des recherches sur celle-ci. Risquez ?
  • Réalité 5 / Réalisation 5 : tendance supportée par des recherches scientifiques éprouvées. Concept rassurant, mais peut être pas si innovant puisque des entreprises la mettent déjà en pratique : Suivez …?

Saurez-vous trouver des idées qui entrent dans ces quatre segments ?

L’art de poser des questions créatives

L’art de poser des questions créatives

L’art de poser des questions créatives. J’entends ici et là que coder devrait être appris au collègue au même titre que lire, écrire et compter. Passons sur le fait que nous n’en sommes plus là avec le no code. Par contre, il y a quelque chose qui devrait être appris dès le plus jeune âge (enfin deux choses si je prends en compte la prise de parole en public et devant une caméra) : l’art de poser des questions. Que ce soit pour vendre, innover ou plus prosaïquement séduire, savoir poser des questions est une soft-skill encore trop largement ignorée et qui devrait être enseignée à l’école, de bonne heure et à grande échelle. Et même si vous n’avez pas l’intention de lancer votre Podcast ou votre chaîne Youtube d’interview, vous êtes concerné !

Une question pour démarrer, une question pour se développer

Commençons par une histoire que j’utilise souvent pour illustrer l’importance de la curiosité (encore une de mes marottes). Je vous fais le début en accéléré, je rentrerai dans le détail dans une vidéo sur ma chaîne Youtube « No one is innovant« . Nous sommes à la fin des années 70 et un commercial de matériel pour CHR du nom de Howard Schultz reçoit une commande pour 4 machines à expresso de la part d’un petit café de Seattle. Surpris de la taille de la commande comparé à la taille du client, il se rend à Seattle pour rencontrer ce client. Il découvre une petite entreprise spécialisée dans les grains de café. En plus de torréfier leurs propres grains de café et de le servir au comptoir, le café vendait des cafetières haut de gamme, des moulins à grains et d’autres fournitures pour la préparation du café.

Schultz, Seattle, café. Vous avez sans doute déjà fait le rapprochement et compris qu’il s’agissait de Starbucks.

Starbucks, de Milan à Seattle

De là, Schultz démissionne de son job de commercial et prend la responsabilité de la communication et du marketing du café. Belle histoire, mais c’est ce qui arrive après qui m’intéresse ici. Nous sommes au printemps 1983, et Schultz est envoyé à Milan pour assister à un salon international d’articles ménagers. Son but était de trouver de nouveaux équipements de café que la chaîne Starbucks, qui comptait alors magasins pourrait proposer à ses clients.

En marchant entre son hôtel et le centre de convention, Schultz passe devant un bar à expresso. Chose courante pour le pays, mais nouvelle pour notre jeune Howard. Il passe la porte et découvre un environnement assez haut de gamme, avec de la musique d’opéra en fond sonore. Le café était tenu par un seul employé, appelé barista et son travail tournait autour de la machine à expresso qu’il faisait fonctionner comme un artiste. Schultz se sent un peu en dehors de ce qu’il se passe, car il comprend que le Barista connaît le nom et les préférences des clients et discute avec eux pendant qu’ils boivent leur café debout au bar. Schultz est fasciné. Il abrégera ses visites, fournisseurs au salon pour passer le reste de son séjour à visiter d’autres café, caffés pardon, dans tout Milan. Il découvrit que certains d’entre eux étaient haut de gamme et d’autres plutôt de classe ouvrière, mais qu’ils semblaient tous être des lieux communautaires et vivants où les clients se réunissaient pour se détendre.

Dans l’un d’eux, il entend un client commander un café latte ; il n’en avait jamais entendu parler, alors il décide d’en commander un aussi. Il observe le barista qui verse une dose d’expresso, fait chauffer du lait à la vapeur et en verse la mousse sans la tasse. Après une première dégustation, Schultz se dit : « C’est la boisson parfaite. Personne en Amérique ne la connaît. Il faut que je la ramène avec moi. »

Faites confiance à Starbucks pour la qualité du storytelling. Schultz est alors revenu de Milan à Seattle avec un défi créatif irrésistible : « Comment puis-je recréer le caffé italien aux États-Unis ? »

Il a bien sûr proposé cette idée aux trois propriétaires de Starbucks qui l’ont rejeté son idée. Les affaires prospéraient et ils n’avaient aucun intérêt à transformer leurs magasins en restaurants ou en cafés. Cependant, ils ont accepté de fournir à Schultz un capital de départ pour qu’il puisse ouvrir son propre café, et de le fournir en café. Schultz quitta Starbucks en 1985 et, en avril 1986, il ouvrit son premier magasin dans le quartier des affaires de Seattle. Cherchant à réaliser sa vision italienne, il appelle le magasin Il Giornale. « Le journal ». Il n’y avait pas que le nom d’Italien, le décor rappelait l’Italie, le menu qui était une page de journal comportait des mots italiens comme Panini et Prosciutto et une musique d’opéra était diffusée en fond sonore. Les baristas portaient des chemises blanches et des nœuds papillon. Il n’y avait pas de chaises et on devait rester debout pour consommer. Bien que le café ait eu du succès – trois cents clients le premier jour – il était évident que le modèle italien ne correspondait pas à la culture de Seattle.

Certaines personnes se plaignaient de la musique d’opéra, d’autres voulaient un endroit où s’asseoir, et pratiquement personne ne savaient ce qu’était du prosciutto, le provolone et la Coppacolla proposée pour défeuner. 

questions créatives

Même prononcer le nom du magasin n’était pas aisé. Schultz a donc décidé de se poser une nouvelle question : « Comment puis-je créer un environnement confortable et relaxant pour déguster un bon café et mieux adapté à la culture de Seattle ? » C’était une bien meilleure question. Après que Schultz ait abandonné l’opéra et les menus italiens et ajouté des chaises, Il Giornale a commencé à attirer jusqu’à mille clients par jour. Ce qui a encouragé Schultz à ouvrir deux autres points de vente. Un peu plus d’un an après l’ouverture, les trois magasins Il Giornale étaient sur le point de faire 1,5 millions de dollars par an. Le café connaissait un tel succès qu’en août 1987, Schultz peut même…racheter Starbucks, son fournisseur de café en grains. Cela lui donne l’occasion de se débarrasser de la dernière caractéristique italienne de ses magasins : il rebaptisa ses cafés, Starbucks. Au-delà de sa curiosité et son sens de l’importation de concepts provenant de l’étranger, la clé du succès de Schultz a été de poser la bonne question.

Ce qui est sans doute le plus difficile en période de démarrage ! Même les entrepreneurs les plus doués ne savent pas toujours quelle est la bonne question lorsqu’ils se lancent. Mais ils sont très doués pour prêter attention aux indices qui les mèneront à une meilleure question. Ou alors dans mon cas, après avoir lancé ma boite de conseil en recrutement à Sydney et ne pas avoir de client pendant plusieurs mois dans un marché en pleine expansion, ça n’a pas été des indices qui m’ont aidé, mais un coup poing dans les gencives. Le jour où le DRH d’une entreprise concurrente de Apple m’a dit que mon offre était une bonne réponse à la mauvaise question. Que je répondais à la question « Comment recruter des talents avec leur CV » alors que la bonne question selon lui était « Comment identifier des comportements et des valeurs qui ne sont pas sur un CV ». Ce qui a amené l’approche du recrutement sur les valeurs, à mes travaux sur l’engagement. Bref.

De Foursquare à Instagram

Autre exemple, un peu moins ancien que Starbucks et qui date de 2010. Les applications en vogue était la géolocalisation. Grâce au GPS, les smartphones permettaient de savoir si vos amis étaient à proximité (c’était le début, on ne se méfiait pas encore) et comment trouver une adresse, un restaurant ou un café. Foursquare venait d’être lancé sur l’iPhone un an plus tôt, et les utilisateurs se connectaient pour faire savoir à leurs amis où ils se trouvaient en faisant un « Check in ».

Un jeune programmeur du nom de Kevin Systrom, voulait participer à l’action. Il avait travaillé pour Google et sur la première version de Twitter, et il était prêt à voler de ses propres ailes.
Attiré par le succès de Foursquare, il a commencé par une première question : « Comment puis-je créer une application de partage d’emplacement ? » La programmation n’a pris que quelques mois, et le résultat était une simple application iPhone qui vous permettait de vous enregistrer dans un lieu, de faire des plans pour de futurs déplacement, de gagner des points pour passer du temps avec des amis, et de poster des photos. Le gros copiteur de Foursquare. Parlez-moi de la créativité des start-ups…

Comme Systrom aimait le bon bourbon du Kentucky (pff), il a appelé l’application burbn. Évidemment que ce fut un flop sanglant ! Burbn était compliquée à utiliser avec un enchevêtrement de fonctionnalités qui la rendait confuse. Ce que l’on appelle depuis la featuritis ou creeping featurism. Quand trop de fonctionnalités rendent l’app ou le logiciel inutilisable. C’est justement à ce moment-là qu’un deuxième programmeur, Mike Krieger, a rejoint Systrom. Ils ont analysé l’usage que faisaient leurs utilisateurs de burbn. En fait, il ne déclarait pas leur position par contre, ils postaient et partageaient des photos comme des fous ! Systrom et Krieger ont décidé d’abandonner complètement burbn et de commencer par une nouvelle question : « Comment pouvons-nous créer une application simple de partage de photos ? » Ils ont commencé par étudier toutes les applications de photographie populaires et ont rapidement identifié deux principaux concurrents.

art de poser des questions

D’abord l’application Hipstamatic qui était cool et avait de superbes filtres, mais elle rendait difficile de partager ses photos. Ensuite, évidemment, Facebook qui était déjà incontournable, mais dont l’application ne proposait pas de fonction de partage de photos. Krieger et Systrom ont donc vu l’occasion de se glisser entre Hipstamatic et Facebook en développant une application facile à utiliser qui simplifiait le partage social des photos. Il a fallu quelques mois d’expérimentation et de prototypage pour que tout soit parfait. Ils sont partis de Burbn en supprimant toutes les fonctionnalités de base à l’exception de la prise et du partage de photos, des commentaire et de la possibilité de « liker » les photos partagées. L’une de leurs premières versions s’appelait Scotch (encore une référence au whisky), mais elle était lente, truffée de bugs, et vous ne pouviez pas utiliser de filtres sur vos photos. Ces expérimentations les ont convaincus que la clé du succès était de rendre l’application plus simple à utiliser. Dans leur version finale, vous pouviez poster une photo en trois clics.
Ils ont rebaptisé l’application Instagram et l’ont lancée le 6 octobre 2010. Le premier jour, vingt-cinq mille utilisateurs se sont inscrits. Un million d’utilisateurs étaient récencés en trois mois.

Reprenant une idée de Twitter, ils ont rendu chaque photo publique par défaut. (lorsque la popstar Justin Bieber a rejoint le site, des milliers de filles ont répondu à chaque photo qu’il a publiée, provoquant un énorme pic d’activité sur Instagram). Le 12 avril 2012, lorsque Facebook a acheté Instagram pour un milliard de dollars, le logiciel était installé sur 10 % de tous les iPhone en circulation.

Lorsque Systrom a créé burbn, il était motivé par la question suivante : « Comment créer une excellente application de partage de localisation ? » Il s’est avéré que c’était une mauvaise question. Instagram a réussi parce que Systrom et Krieger étaient prêts à plonger plus profondément dans cette première étape, demander. Ils ont étudié de près l’échec de Burbn et se sont servis de cette expérience pour définir leur prochaine étape : ils ont découvert ce que faisaient leurs utilisateurs (le partage de photos) ; ils ont étudié la concurrence existante (Hipstamatic et Facebook) ; et ils ont formulé une nouvelle question : « Comment créer une application simple de partage de photos ? » La réponse à cette nouvelle question a conduit à trente millions d’utilisateurs et à un milliard de dollars. Aujourd’hui, dans la Silicon Valley, ce type de changement de direction est appelé « pivot ». Le psychologue et expert en créativité Keith Sawyer, appelle cela un zig zag.

Dans les années 1970, de nombreux psychologues, comme Tudor Richards ou Mark Runco affirmaient que la créativité n’était qu’un autre nom pour la résolution de problèmes. Nous savons maintenant que la créativité va bien au-delà et qu’il s’agit d’abord d’un processus par étape qui a notamment conduit à Starbucks et Instagram qui sont tous deux la seconde version de leur projet d’origine. Leurs fondateurs ont commencé sans savoir encore quel était le véritable problème qu’ils pouvaient résoudre, quels en étaient les paramètres et quel était le but qu’ils souhaitaient atteindre. La raison est qu’une idée n’est que le début du chemin, même quand l’idée est de copier ou d’adapter un concept pêcher ailleurs. Il n’est pas évident d’appliquer son expérience passée à la résolution de nouveaux problèmes et il y a probablement de nombreuses façons différentes d’aborder une solution. Ces situations de tâtonnement sont les moments où vous avez le plus besoin de créativité. La base de la créativité est ni plus ni moins une découverte des besoins tels qu’on l’apprend en formation de vente. Wink à Michael Aguilar. Il est facile de voir comment une innovation commerciale est lancée en formulant la bonne question, en restant ouvert aux nouveaux indices que l’on collecte le long du chemin et lors de ses premières erreurs tout en cherchant à trouver ou confirmer que l’on a trouvé le bon problème. Il s’avère qu’il en va de même pour la créativité scientifique. « La formulation du problème est souvent plus essentielle que sa solution, qui peut être simplement une question de compétence mathématique ou expérimentale » comme le disait Albert Einstein. Soulever de nouvelles questions, de nouvelles possibilités, considérer les anciens problèmes sous un angle nouveau, requiert une imagination créative et marque de véritables avancées dans la science. Einstein qui aimait les métaphores, précisait aussi que le scientifique doit commettre son propre crime tout en menant l’enquête. Et qu’un bon «crime» est crucial pour la découverte scientifique comme elle l’est pour la réussite commerciale mais aussi artistique !

Résoudre un problème ou identifier un problème ?

Et c’est là qu’arrive le pionnier incontournable quand on souhaite parler de créativité de façon plus sérieuse qu’en citant Edgar de Bono : Mihaly Csikszentmihalyi (Chic-sent-mi-hi), que vous connaissez peut-être pour ses travaux sur la théorie du flow. Avec une équipe de collègues, psychologues de l’université de Chicago, Csikszentmihalyi a passé un an à l’école de l’Art Institute of Chicago pour comprendre comment les œuvres créatives naissent. Lui et son équipe ont mis en place un « studio expérimental » dans lequel ils ont positionné deux tables. L’une était vide, l’autre chargée d’objets divers, dont une grappe de raisin, un levier de vitesse en acier, un chapeau en velours, une corne en laiton, un livre ancien et un prisme en verre. Ils ont ensuite recruté trente et un étudiant artistes et leur ont demandé de choisir plusieurs objets et de les placer comme ils le souhaitaient sur la table vide avant d’en dessiner l’arrangement.

Après avoir observé les artistes, Csikszentmihalyi a pu identifier deux approches artistiques distinctes.
Un premier groupe rassemblait les artistes qui n’avaient pris que quelques minutes pour sélectionner et poser les objets. Ils n’ont eu besoin que de quelques minutes pour organiser et dessiner une composition globale et le reste du temps à affiner, ombrer et ajouter des détails à la composition. Leur approche consistait à formuler rapidement un problème visuel, puis à investir leurs efforts dans la résolution de ce problème. Les chercheurs ont appelé ce groupe les solutionneurs ou résolveurs de problème.

Art de poser des questions créatives

Le second groupe ne pouvait pas être plus différent. Ces artistes ont passé cinq ou dix minutes à examiner les objets, en les faisant tourner pour les voir sous tous les angles. Après avoir fait leur choix, ils ont souvent changé d’avis, sont retournés à la table et ont remplacé un objet par un autre. Ils dessinaient leur arrangement d’objets pendant vingt ou trente minutes, avant parfois de changer à nouveau d’avis, réorganiser les objets, effacer leur croquis et tout recommencer. Après une heure de ces allers-retours, les élèves de ce groupe se sont mis d’accord sur une idée et ont terminé le dessin en dix minutes. Contrairement au premier groupe, qui a passé la majeure partie du temps à résoudre un problème visuel, ce second groupe a cherché à trouver la solution à ce qu’ils considéraient être un problème visuel. Les chercheurs ont conclu que ces artistes avaient un style de créativité basé sur l’identification d’un problème.

Alors, quels étaient les artistes les plus créatifs ? Celles et ceux qui résolvaient les problèmes ou celles et ceux qui les trouvaient ? Pour le savoir Csikszentmihalyi a demandé à une équipe de cinq professeurs de l’Art Institute d’évaluer la créativité de chaque dessin. À quelques exceptions près, les dessins du second groupe, les chercheurs de problèmes, ont été jugés beaucoup plus créatifs que ceux des résolveurs de problèmes du premier groupe. Même si leur processus d’exploration leur laissait beaucoup moins de temps à consacrer à l’image finale, qui était tout ce que les juges (qui ignoraient le processus en question) évaluaient. Les artistes les plus créatifs étaient ceux qui s’attachaient à poser la bonne question et pas ceux qui se précipitaient à proposer une solution avant de la dessiner. Ce qui rejoint directement la citation bien connue d’Einstein : « Si j’avais une heure pour résoudre un problème, je passerais 55 minutes à réfléchir au problème, et 5 minutes à réfléchir à des solutions »! Six ans après l’obtention de leur diplôme, Csikszentmihalyi a retrouvé les étudiants pour savoir qui avait le plus de succès dans sa carrière et qui était le plus respecté par les critiques d’art. Environ la moitié des étudiants qu’il avait observés avaient cessé de faire de l’art. Un quart vivotait et le dernier quart était reconnu comme des artistes ayant un certain succès. Les étudiants qui avaient le mieux réussi, soit 29 % d’entre eux, étaient devenus célèbres dans le monde de l’art, avec des œuvres dans les principales galeries de New York et une présence dans certaines collections permanentes de célèbres musées. Ces artistes à succès étaient, dans l’ensemble, ceux qui avaient des problèmes lorsqu’ils étaient à l’école d’art. Ils étaient les artistes qui s’attachaient à poser la bonne question. Est-ce que l’art en particulier et la créativité en général est une affaire de réflexion et pas d’impulsivité créative ? Qu’Einstein avait (encore une fois) raison ?

L’art de poser des questions créatives

Et nous retombons sur le sujet de cet article : les questions sont des clés qui déverrouillent des informations qui permettent à notre créativité de s’ouvrir comme elles ouvrent la confiance et les confidences des personnes à qui vous posez des questions ». Alors, lorsque quelqu’un partage une idée avec vous, quel doit être votre premier réflexe ? L’accepter tel quel ? La critiquer d’emblée ? Ne rien dire avant de la tester ? Demander à la personne d’où lui vient cette idée ? Je vous propose4 pistes pour répondre à ces questions et devenir un questionneur créatif. Dans un prochain article, je m’intéresserais aux exercices à mener pour poser de meilleures questions.

Créez un environnement de confiance.

En 2016, le « Projet Aristote » que Google a mené pour définir les caractéristiques de l’équipe parfaite. Le projet a révélé que parmi les équipes innovantes et performantes, la sécurité psychologique était au premier plan de leur réussite. Ce qui signifie que les gens développent des solutions plus créatives lorsqu’ils ont confiance en leur partenaire. https://rework.withgoogle.com/print/guides/5721312655835136/ De bonnes questions accompagnées d’une écoute sincère profonde aident à sortir des sentiers battus. Essayez de poser des questions sous un angle différent pour faire travailler les muscles cérébraux de chacun.

Bannissez les questions qui commencent par « pourquoi ».

Lorsque vous posez des questions pour favoriser la créativité, ne commencez pas chaque question par « Pourquoi ? ». Bien qu’il s’agisse d’une question évidente, elle peut entraver notre capacité à établir des liens avec les autres. Au lieu de demander « Pourquoi cela n’a pas fonctionné ? », nous pouvons simplement demander « Est-ce cet échec vous a surpris ? » ou « Que s’est-il passé après ? ».
Demander pourquoi à tendance à mettre les gens sur la défensive. Cela les oblige à trouver une réponse simple à une situation qui peut être complexe et ne leur montre pas que la personne qui pose les questions se soucie réellement de leur bien-être, situation ou idées.

Encouragez la pensée nouvelle avec « comment » et « quoi ».

Évitez les questions fermées qui n’appellent qu’à une réponse et qui peuvent nous amener, malgré nous, à recevoir les réponses que l’on attend. En revanche, les questions ouvertes, comme par exemple « Qu’est-ce qui vous a surpris ? » Ont une fin beaucoup plus imprévisible et objective qui fait pousse à réfléchir et oriente vers des chemins imprévus. Comme il n’y a pas de réponse précise à attendre, nous sommes en mesure d’apprendre quelque chose de plus profond et étonnant que des faits qui peuvent mener nulle part.

Misez sur votre curiosité et l’authenticité.

Vos questions doivent être sincères et pas une liste de questions à cocher dans une liste. Posez des questions avec l’intention de réellement comprendre. Nous sommes capables de reconnaître quand quelqu’un s’intéresse à ce dont on parle. Poser des questions avec une véritable curiosité permet d’établir un niveau de confiance primordiale pour aller au bout des choses. C’est la raison pour laquelle j’encourage toujours ceux qui posent des questions à commencer par le ressenti de la personne interviewée comme par exemple « Qu’avez-vous ressenti quand ? » ou « Quelle a été la première pensée qui a traversé votre esprit à ce moment-là ? » qui montre qu’il n’y a pas que les réponses qui vous intéresse, mais la personne qui vous les donne aussi. En posant des questions sincères et authentiques, vous donnez le message à la personne que vous interviewez qu’elle peut être elle-même et répondre sans crainte. N’oubliez pas que l’on se souvient rarement de la conversation exacte qui a eu lieu, mais on se souvient de ce que l’on a ressenti pendant l’entretien. Poser des questions adaptées qui sont fondées sur une curiosité sincère permet de créer un environnement de confiance dans lequel la créativité peut s’exprimer.

Les 5 niveaux de la créativité

Les 5 niveaux de la créativité

Les niveaux de créativité. Vous pensez que vous n’êtes pas créatif ? Vous vous sous-estimez sûrement, car nous sommes tous intrinsèquement créatifs et nous pouvons tous le devenir d’avantage.

Au-delà de cette aspiration démocratique du « tous créatif »* il reste à préciser que, comme la curiosité, chacun ne l’est pas de la même façon. Nous ne sommes pas tous Picasso, mais nous pouvons apprendre à dessiner. Ensuite, il ne faut pas non plus oublier qu’il y a plusieurs types de créativités. Plusieurs niveaux de créativité que nous pouvons utiliser comme des étapes pour accroître notre propre potentiel créatif.

Vous trouverez ci-dessous les cinq niveaux et types de créativité. Ils sont classés du plus facile au plus difficile à maîtriser. Vous trouverez aussi des suggestions pour développer votre force créative. 

* Ce qui n’est pas forcément en contradiction avec ma chaine Youtube qui s’appelle No one is innovant.

Créativité intuitive

1 – Créativité mimétique

Le premier niveau de la créativité est la mimèsis. Selon l’approche de Démocrite (et pas celle de Platon pour qui il s’agit plutôt du rapport au vivant) est l’imitation de la nature par la technique (comme le tissage imite la toile d’araignée ou le revêtement extérieur des avions qui s’inspire de la peau de requin). C’est la forme la plus rudimentaire de créativité, car il s’agit d’observer la nature pour s’inspirer, comme le faisait Leonard de Vinci.

Par extension, cette créativité entre dans le champ de l’innovation adjacente quand on s’inspire d’une découverte d’un autre secteur. Comme Dyson et l’aspiration du bois dans les scierie.Comme les dealers qui proposent des cartes de fidélité à l’imitation de Starbucks. Comme la clinique Mayo qui s’est inspiré de l’expérience client vécu au Ritz-Carlton pour son expérience patient.  

Comment améliorer votre créativité mimétique ?

Cette inspiration, provenant de ce qui existe déjà, est la base du processus d’apprentissage. C’est comme construire un modèle de Lego en suivant la notice de montage. ll faut passer par cette étape pour pouvoir s’en affranchir et créer ensuite ses propres modèles. 

Pour améliorer la créativité mimétique, il faut découvir de nouveaux environnements et apprendre à les observer. 

Faites un « safari » pour les niveaux de créativité

Voyagez dans de nouveaux endroits et rencontrez de nouvelles personnes. Apportez votre téléphone ou un carnet et enregistrez / annotez vos découvertes afin que vous puissiez à la fois être conscient de l’expérience au moment où elle se produit et la revoir lorsque vous avez un peu de temps et de distance pour repérer les choses que vous avez peut-être manquées la première fois. Veillez à rechercher des modèles et des points de référence, ainsi que des indicateurs de réussite ou d’échec, afin d’avoir de bonnes idées sur ce qui fonctionne vraiment et ce qui ne fonctionne pas et pourquoi. 

Vous pouvez par exemple utiliser cette fiche de « Safari tour »

service design safari

Service safari, un outil du Service Design

Faites une excursion 

C’est une méthode très efficace pour persuader un groupe de concevoir et de développer de nouveaux schémas de pensée pour faire face à des situations uniques et de formuler des stratégies basées sur leurs analyses. Ce processus comporte généralement cinq étapes :

  1. L’animateur demande aux participants de faire un voyage imaginaire vers un endroit qui n’a apparemment aucun lien avec la question traitée. Certains de ces lieux pourraient être un musée, la jungle ou une autre planète, etc. Une fois le voyage terminé, les participants doivent dessiner 8 à 10 images basées sur leur expérience de ce lieu.
  2. L’animateur demande aux participants de dessiner des similitudes et d’établir des relations entre les images de leur excursion imaginaire et les problèmes réels auxquels ils sont confrontés dans leur scénario.
  3. Les participants doivent maintenant analyser les liens entre les problèmes et les analogies et identifier ceux qui sont les plus proches et les plus distinctement liés à tous les facteurs.
  4. Les participants partagent leurs expériences de leur voyage imaginaire avec leurs coéquipiers sur ce qu’ils ont vu, les personnes avec lesquelles ils ont interagi, les analogies qu’ils ont tirées et leurs solutions.
  5. Comme pour le brainstorming, les participants discutent des idées des autres et trouvent une solution commune aux problèmes, ainsi qu’un récit commun qui peut inclure toutes leurs idées.

Copiez la nature

L’inventeur et architecte Buckminster Fuller a créé le dôme géodésique « Vaisseau spatial Terre » en copiant la structure géométrique des spores et du plancton. Cette forme de conception, où quelque chose est observé dans le monde naturel puis modifié par l’ingéniosité humaine, s’appelle le biomimétisme. Voyez-le comme une forme accélérée d’évolution. Léonard de Vinci a dessiné des machines volantes après avoir observé des oiseaux en vol et des feuilles d’érable qui tournaient vers le sol. La marine américaine fait de même lorsqu’elle façonne le gouvernail d’un cuirassé d’après la douve aérodynamique d’une baleine à bosse. Faites attention à la forme et à la fonction du monde naturel qui vous entoure.

Ressources sur la créativité mimétique 

La théorie Mimétique, de l’apprentissage à l’apocalypse, de René Girard aux éditions PUF
Mimèsis et apprentissage culturel de Christoph Wulf, dans Télémaque 2014/01
Les articles sur le Bio-mimétisme sur le site de industrie-techno

Créativité biassociative

 

2 – Créativité biassociative

Le second niveau de la créativité est la créativité associative, appelée aussi « Biassociative » par le romancier Arthur Koestler dans son célèbre livre « The Act of Creation » où il décrit comment notre esprit conscient, lorsqu’il est détendu, peut relier des pensées rationnelles à des pensées intuitives pour produire des « idées jaillissantes », « moments Eurêka » ou « Satori » si vous êtes bouddhiste. La créativité biassociative se produit lorsqu’une idée familière est reliée à une idée inconnue pour produire une idée hybride.

C’est à ce type de créativité à laquelle pensait Steve Jobs quand il dit que « La créativité consiste à relier les choses. Lorsque vous demandez à des personnes créatives comment elles ont fait, elles se sentent un peu coupables parce qu’elles n’ont pas fait grand chose. Elles ont juste vu quelque chose qui leur semblait évident. C’est parce qu’ils ont été capables de relier des expériences qu’ils avaient vécues entre-elles et de synthétiser de nouvelles idées que ces personnes ont été créatives ».

Comment améliorer votre créativité biassociative ?

Bien que la connexion des idées se fasse souvent par des moyens plus contemplatifs, elle peut aussi être stimulée en bombardant l’esprit d’un barrage de pensées aléatoires pour voir ce qui en sort. Oui, vous avez reconnu la pratique du brainstorming. Par exemple, en 1994, alors qu’ils sortaient d’une quasi-faillite et travaillaient sur Toy Story, leur premier long-métrage, quatre des premiers réalisateurs de Pixar ont déjeuné dans un restaurant et ont réfléchi à des idées de films qu’ils voulaient réaliser. De cette rencontre informelle sont nés A Bug’s Life et Monsters Inc.L’industrie du cinéma a été transformée en un repas.

La créativité biassociative s’appuie sur la dynamique des « 3F » :

  • Fluidité. Il est plus productif d’avoir beaucoup d’idées non polies que quelques « bonnes » idées car plus la diversité des idées est grande, plus l’éventail des solutions possibles est large.
  • Flexibilité. Souvent, nous avons la « bonne » idée, mais nous l’avons mise au « mauvais » endroit. Nous devons donc la déplacer pour voir où elle serai la mieux adaptée.
  • Flux. Nous ne sommes pas créatifs sur demande. Nous avons besoin d’être à la fois simulés et détendus pour entrer dans une zone de créativité.

Utiliser des mots aléatoires

Prenez un dictionnaire ou un livre. Ouvrez-le et choisissez avec le doigt un mot aléatoire. Reliez votre défi créatif à ce mot. Par exemple, disons que vous essayez de trouver des idées pour un nouveau service de livraison à domicile et que votre doigt tombe sur le mot « oxygène ». Vous pourriez par association d’idées proposer de livrer avec des drones (pas très crédibles) ou de demander un abonnement mensuel à vos clients pour des plats exclusif et la livraison gratuite.

La méthode SCAMPER

Le brainstorming est évidemment la base concernant la créativité biassociative. C’est Alex Osborne, crédité d’avoir inventé le terme « brainstorming » dans son livre « How to Think Up » paru en 1942, qui proposé la méthode de créativité en 7 (ou 9 étapes) « SCAMPER », appelé aussi en français la technique de « concassage », incontournable de ce niveau de créativité, et qui se compose de 6 étapes :

  1. SUBSTITUER. Mettre un élément à la place d’un autre. Qu’est-ce qui peut être remplacé ? Qui d’autres ? Quoi d’autres ?
  2. COMBINER. Fusionner deux concepts ou deux idées. Pourrions-nous fusionner deux activités ?
  3. ADAPTER. Placer son concept dans un autre contexte. Y a-t-il eu quelque chose de semblable dans le passé ?
  4. MODIFIER. Changer la signification, la couleur, la forme. Peut-on changer la signification, la couleur, le mouvement, le son, l’odeur, la forme ?
  5. PRODUIRE ou TROUVER UN AUTRE USAGE. D’autres utilisations possibles si on le modifie ? Existe-t-il d’autres utilisations possibles, si on le modifie ? 
  6. ÉLIMINER OU ÉPURER. Qu’est-ce qui n’est pas nécessaire ? Que peut-on soustraire ? supprimer ? diminuer ?
  7. RENVERSER. Inverser le positif et le négatif. Puis-je retourner cela ? Mettre le haut en bas ? Changer les séquences ?

En posant ces questions simples, vous connectez les idées et les actions de manière nouvelle pour produire facilement des variations créatives utiles.

Les 6 chapeaux de Bono

Le médecin Edward de Bono a mis au point une méthode de raisonnement créatif indirect qu’il appelle la pensée latérale. L’idée de base est de tourner autour d’un problème au lieu d’essayer de le résoudre directement. Cela permet aux membres d’un groupe créatif d’avoir un plus large éventail d’idées et d’identifier leurs points faibles. Les six chapeaux de réflexion représentent les différents types de réflexion et les rôles joués par les membres du groupe. Bleu : objectifs, Blanc : information, Rouge : émotions, Noir : jugement, Jaune : optimisme, et Vert : créativité. Cette technique est souvent utilisée lorsque vous souhaitez obtenir un nouvel angle d’approche d’un problème.

Ressources de créativité biassociative

« Flow, the psychology of optimal experience » de Mihaly Csikszentmihalyi aux éditions Harper et « la créativité », du même auteur, aux éditions Robert Laffont
« Game storming, jouer pour innover » aux éditions Diateino
« Les 6 chapeaux de la réflexion » de Edward de Bono aux éditions eyrolles 

Créativité analogique

 

3 – Créativité analogique

La créativité analogique (pour analogie, pas pour le contraire de numérique) utilise des analogies pour transférer des informations que nous croyons comprendre dans un domaine (la source), pour aider à résoudre un problème dans un domaine inconnu (la cible). Les analogies sont des ponts qui permettent à nos processus cognitifs de transporter rapidement des groupes d’informations de l’inconnu au connu, et vice-versa. Les analogies peuvent également être utilisées pour perturber les habitudes de pensée afin de faire place à de nouvelles idées.

Les grands innovateurs, d’Archimède dans sa baignoire à Einstein dans son ascenseur de la relativité, ont utilisé des analogies pour résoudre des problèmes complexes. Nous utilisons des analogies pour transférer des informations que nous croyons comprendre dans un domaine (la source) pour aider à résoudre un problème dans un domaine inconnu (la cible). Par exemple, la conception des aspirateurs est restée pratiquement inchangée pendant près d’un siècle lorsque l’inventeur James Dyson a utilisé une analogie différente, les cyclones, pour concevoir une nouvelle façon de séparer les particules grâce à la force de rotation d’une centrifugeuse.

Comment améliorer votre créativité analogique

De la même manière qu’une analogie nous aide à donner un sens à nos expériences en assimilant ce que nous ne savons pas dans ce que nous savons, ce niveau de créativité fonctionne également à l’inverse. En d’autres termes, nous pouvons prendre quelque chose que nous croyons savoir et utiliser une analogie pour le rendre inconnu. C’est ce que les artistes appellent la « défamiliarisation ». Albert Camus qui raconte une histoire du point de vue d’une mouche ou Bernard Werber qui construit des récits du point de vue d’une fourmi, puis d’un dieu, puis d’un chat, puis de la planète… Réfléchissez à ce à quoi ressemblerait votre processus d’élaboration de stratégie s’il était fait du point de vue de vos enfants plutôt que de celui de vos actionnaires ou de vos clients.

Raisonnement adaptatif

Le raisonnement adaptatif est une description générale de la façon dont votre perspective ou votre relation relative à un problème peut changer ou évoluer grâce à l’utilisation d’analogies. L’approche de base peut être résumée comme suit : « Comment [votre problème] ressemble-t-il à [votre analogie] ? » Par exemple, comment [créer une campagne de marketing réussie pour votre nouvelle ligne de sacs à main à la mode] ressemble-t-il à [se faire des amis dans une nouvelle école] ? L’essentiel est de varier vos perspectives et de nouer de nombreuses nouvelles relations.

Amis imaginaires

Avec cette méthode popularisée par Napoleon Hill, il s’agit de se mettre à la place d’une personne que vous connaissez personnellement ou une personne célèbre. « Que ferait Elon Musk s’il avait ce défi ? » La source de l’analogie, le défi, est donc la même que pour les autres approches analogiques, mais la cible, le domaine inconnu, est une personne plutôt qu’une seconde idée.

Ressources de créativité analogique

La boite à outil de la créativité de Edward de bono aux éditions Eyrolles
Innovation et technologie, de Loick Roche et Thierry Grange aux éditions maxima
De la performance à l’excellence de Jim Collins aux éditions Pearson (Lien amazon car la Fnac ne permet pas de faire de liens)  

Créativité narrative

 

4 – Créativité narrative

Par essence, la créativité narrative est la capacité d’inventer et de raconter des histoires. C’est donc une créativité du « Storytelling« . L’objectif du storytelling, ou communication narrative, est d’utiliser des histoires ou des anecdotes pour inspirer une auditoire. C’est ce lien qui permettra de faire passer des messages complexes avec diplomatie ou, pour revenir à notre sujet, de donner une direction pour trouver de nouvelles idées. 

Comment améliorer votre créativité narrative ?

Il y a 3 manières d’utiliser le Storytelling dans la créativité : 

Les histoires de l’origine qui répondent aux questions « qui sommes-nous » et « d’où venons-nous ? »
Ce type d’histoire est la plus connue notamment dans le petit monde des startups qui ont toutes leur « Origin story ». Nous sommes en décembre 2008 à Paris. Travis et Garrett, deux américains venus pour une conférence se retrouvent coincés sous la neige car ils ne parviennent pas à trouver de Taxi à Paris. Travis dit à Garrett, et si on lançait une application ou l’on aurait une voiture qui viendrait nous chercher en un clic ?

Les histoires de valeur qui répondent à la question « quelles valeurs partageons-nous ? »
Lorsque je m’occupais de Technoraid, il s’est vite avéré que nous ne faisions pas le poids auprès des candidats qui préféraient postuler pour Renault ou Toyota. Pour nous différentier, nous avons donc créer le « Technoraid Way » pour expliquer que, grâce à notre petite taille de PME, chaque collaborateur était écouté et valorisé quelle que soit la durée de son expérience.

Et enfin les histoires de la vision qui répondent aux questions « en quoi croyons-nous ? Où allons-nous ? »
Nous sommes en Italie, Alberto devient le dirigeant de la fonderie fondée par son grand-père. Mais voilà, la concurrence est rude avec la chine et l’entreprise ne peut plus se différentier sur le prix. Pour cela Alberto décide de ne plus chercher à faire comme ses concurrents, mais à décaler son marché en recrutant un designer. Sa vision, s’inspirer de l’industrie automobile italienne pour intégrer le design italien à la fabrication de ses produits. Des centaines de prix et des dizaines de bouquins plus tard, le nom d’Alberto Alessi est mondialement connu

Storyboarding

Pendant des années, Walt Disney est venu dans nos salons chaque dimanche soir depuis son studio d’animation. Il s’asseyait devant un mur rempli de dessins reliés par de petits bouts de ficelle. Il a développé ce processus de storyboarding pour à pré-visualiser un film en représentant les différents personnages et scènes sur de grandes cartes de notes. Cela permettait à son équipe d’animation de modifier facilement la séquence de l’action, d’ajouter et de soustraire des personnages et d’avoir une idée réelle de ce à quoi le film ressemblerait avant le début de la production. De nos jours, il existe un certain nombre d’applications logicielles qui éliminent le besoin de cartes de notes et de ficelles, mais le pouvoir de raconter et de redire une histoire en groupe reste un moyen incroyablement efficace de créer de nouvelles idées.

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Pour faire un storyboard en groupe j’utilise fréquemment l’application open source storyboarder.

Morphologies

Les morphologies codifient les défis en leurs éléments les plus discrets. Elles sont souvent utilisées dans les sciences de la vie pour comprendre comment fonctionne un organisme vivant. Pensez-y comme à des éléments de base que vous pouvez démonter et remonter de manière inédite. En décomposant une histoire en personnages et en actions, on peut reconstruire un large éventail de solutions possibles. De même, en considérant un produit ou une expérience comme un ensemble de fonctions et d’attributs dans une matrice, on peut assembler une série de nouvelles combinaisons – utilisations, couleurs, taille, saveurs, etc. 

C’est à ce but que j’ai créé de nombreux jeux de cartes pour travailler sur sa marque, ses valeurs ou ses business models. 

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Élaboration de scénarios

Il n’existe pas de données sur l’avenir où des innovations révolutionnaires auront lieu. Alors, comment voyez-vous l’avenir en premier lieu ? Surtout que si vous avez commencé à lire ma série d’article sur VUVA, le V pour volatilité stipule que l’avenir ne se prévoit pas, il se prépare ! Vous considérez comment les forces sous-jacentes, à l’œuvre aujourd’hui, peuvent déterminer ce qui se passera dans l’avenir – la politique, l’économie et le bien-être social, pour n’en citer que quelques-unes. Les scénarios ne sont que des projections de plans d’action. Ils posent les questions « et si » et vous aident à évaluer l’impact et la probabilité de chaque histoire possible.

Ressources du niveau de créativité narrative

Creativity inc. de ED Catmull aux éditions Talent Sport
L’art du storytelling de Guillaume Lamarre aux éditions Pyramyd
Strategic Reframing: The Oxford Scenario Planning Approach (anglais) de Rafael Ramirez et Angela Wilkinson aux éditions Oxford. Livre que je cite également dans ma série sur le monde VUCA

les niveaux de créativité intuitive

 

5 – Créativité intuitive

Ce dernier niveau de créativité, le plus difficile à atteindre car il demande pas mal de lâché prise. Il peut aussi faire peur pour avoir été promu au rang de tradition spirituelle et de sagesse. C’est là que la créativité nous dépasse en transcendant notre individualité. C’est le coté « inspiré » ou « illuminé », plutôt, de la créativité.

Comment améliorer votre créativité intuitive ?

Il existe plusieurs méthodes pour libérer et vider l’esprit : la méditation, le yoga, les balades en forêt et le chant, pour n’en citer que quelques-unes. L’idée fondatrice est de distraire et de détendre l’esprit pour créer un état de conscience fluide (le flow, déjà cité) où les idées viennent facilement. Les approches pour développer la créativité intuitive sont trop nombreuses pour être décrites ici, cependant, l’écriture libre est un moyen simple de nous relier à notre moi intuitif en observant simplement ce qui sort du stylo ou en tapant sur les touches. C’est d’ailleurs ce que dit bernard Werber : « il ne faut pas attendre d’être inspiré pour écrire. L’idée suit le stylo. Il faut commencer à écrire pour que vienne l’inspiration. » 

Le prix Nobel de littérature Rabindranath Tagore a développé certaines pratiques méditatives spécifiquement pour renforcer la créativité personnelle, tout comme Rudolf Steiner, le fondateur du système éducatif Waldorf. Elles vont de l’écriture autonome à la prise de nootropes.

Visualisation créative

Une grande partie de notre cerveau est conçue pour faire des images. C’est la raison pour laquelle il faut absolument utiliser des métaphores. Nous sommes uniques en ce sens que les images que nous créons dans notre esprit peuvent modifier notre expérience de la réalité, pour le meilleur ou pour le pire. La visualisation en tant que forme de pensée positive nous aide à surmonter nos doutes et nous attire vers ce que nous recherchons. Parce que l’information visuelle est si vivante et difficile à distinguer de notre expérience de la perception ordinaire, la visualisation constitue souvent une source irrésistible de nouvelles idées.

L’écriture libre

On dit que Mozart n’a jamais apporté une seule correction à ses partitions. Il a tout composé dans sa tête. Pour la plupart d’entre nous, le processus fonctionne dans l’autre sens. C’est dans l’expression itérative de nos pensées que nous découvrons que nous avons des idées nouvelles et convaincantes. Le principe de base de l’écriture libre est qu’il s’agit d’un acte de communication avec notre intuition et notre créativité. Le défi consiste ici à suspendre votre voix de jugement et à observer simplement ce qui sort de votre stylo ou de votre clavier. L’objectif est d’atteindre un état de flux (oui, encore) où nous écrivons plus vite que notre esprit ne peut modifier. Ce n’est qu’après avoir noirci le papier que nous pouvons faire marche arrière et « découvrir » nos idées créatives.

Interprétation des rêves

Concernant ce niveaux de créativité, le chimiste allemand August Kekulé (true story) aurait découvert la forme annulaire de la molécule de benzène après l’avoir vue dans un rêve. Le physicien Richard Feylann qui a révolutionné la mécanique quantique a été inspiré alors qu’il rêvassait dans un club de lap dance. (true story aussi).

Les rêves sont délicats car ils sont difficiles à capturer et même lorsque nous le faisons, nous les ajustons souvent pour les rendre plus sensés. Certaines recherches suggèrent qu’il est utile de se réveiller à la même heure chaque jour pour préparer l’esprit à mettre fin au cycle du rêve à une heure fixe. Il est important d’enregistrer immédiatement le rêve tel qu’il est donné et de ne pas fournir un récit qui est souvent un acte de raisonnement qui lui est imposé. Tenir un journal ou une chronique de vos rêves vous aidera à développer une compréhension de votre propre langage unique de symboles – nager signifie que vous êtes malade, etc. Bien qu’il existe des symboles universels, la plupart des thérapeutes s’accordent à dire que votre propre vocabulaire de rêves est tout à fait unique.

Ressources du niveau de créativité intuitive

Accidental Genius: Using Writing to Generate Your Best Ideas, Insight, and Content par Mark Levy aux éditions Mc Graw-Hill
L’arbre des possibles de Bernard Werber aux éditions lgf
Calm, ou Headspace, des applications de méditation. Elles sont en anglais, si vous connaissez des app de médiation en français, merci de les partager en commentaire.  

 

Voilà pour les 5 niveaux de créativité.
Toutes ces approches sont faciles d’accès. Vous devez simplement essayer continuellement de nouvelles choses et ne pas oublier qu’une vie créative se construit au fur et à mesure.

Retrouver sa créativité avec un creative break

Retrouver sa créativité avec un creative break

Faire une pause créative ou « Creative Break », en prenant quelques jours pour vous ressourcer afin de rester créatif toute l’année.

Avec tout ce qui nous tombe sur le dos en ce moment et les difficultés attendues sur le court terme, c’est la créativité qui pourra nous aider à préparer l’avenir. Je vous propose de prendre quelques jours pour faire le point et penser à l’avenir. 

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La créativité est comme un grigri que l’on invoque. Chacun a son rituel :  

Balzac travaillait de nuit et buvait 4 litres de café pour rester éveiller. Parfois, il prenait en plus des bains de pieds de moutarde (pour la vitamine C ?).
Agatha Christie utilisait chaque nouvel endroit, un coin de table ou une baignoire, pour continuer à tuer des gens de façon créative.
Jules Verne s’était inspiré de la solution radicale utilisée par Victor Hugo : se faire enfermer chez lui nu – oui, nu – pour se forcer à terminer tel ou tel chapitre.
Stephen King se donne chaque jour le défi de ne pas s’arrêter avant d’avoir écrit 2500 mots, ce qui lui prend 5 heures par jour.
Bernard Werber écrit une nouvelle par jour, et écrit chaque matin de 8h30 à 12h30. Je l’ai vu faire de près 🙂 

 

 

 

Les 6 ingrédients d’un break créatif pour votre équipe

1. Etre seul (ou pas). En tout cas laisser du temps à chaque membre de votre équipe de penser de son coté à ses idées avant de les mettre en commun. C’est ce que l’on appelle le « Brainwriting ».
2. Sortir du quotidien. Bien sur, ce n’est pas un Break si c’est pour rester dans votre salle de réunion.
3. Se déconnecter. Hyper important. On éteint son téléphone, on met son mail sur répondeur.
4. Visiter un lieu de mémoire. Retrouver sa créativité et penser à l’avenir demande aussi de penser au passé.
5. Prendre un livre inspirant. Très important d’avoir au moins un livre en commun. Par exemple, lors du dernier Creative Break de la Lyonnaise des Eaux à Cadaqués, le livre choisi a été « Les employés d’abord, les clients ensuite » de Vineet Nayar.
6. Ecrire ses idées. Tout doit être noté, sélectionné et priorité pour pouvoir être….utilisé bien sûr !

Mais pour vous ? Comment pouvez-vous rester créatif toute l’année sans être nu dans une baignoire de café à tuer des gens en 2500 mots ?

 Je vous propose d’organiser un Break créatif avec cette vidéo tournée lors de mon Creative Break 2012.Ça date un peu mais le contenu est toujours d’actualité.

 

Comment organiser votre creative break

Bloquez votre agenda à l’avance. 

Attention cependant à ne pas interrompre un projet en cours. Le risque est de continuer à penser à ce projet non terminé alors que vous devez, lors de votre creative break, vous inspirer pour le futur.

Choisissez un endroit inspirant

Et là malheureusement, même avec booking ou Airbnb, il est difficile de pouvoir trouver ce type d’endroit sur photo. Il faut y être et ressentir le lieu. Mes conseils seraient de trouver un endroit isolé dans la nature. Je n’irai pas jusqu’à vous dire de trouver un endroit sans wifi et téléphone. Personnellement, mes choix sont assez classiques : la montagne pour la neige l’hiver et une chambre avec vue sur l’océan au printemps. Même en Australie. Mais à l’envers avec juillet pour la neige. 

En tout cas vous devez savoir à l’avance où vous allez. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les aficionados du creative break, comme Bill Gates par exemple, choisissent d’aller au même endroit. 

 

Donnez-vous un objectif

C’est la base du fonctionnement de la créativité. Souhaitez-vous résoudre un problème? Répondre à une question ? Ou élargir vos horizons ?

Les différents objectifs de mes creative break ont été par exemple de:

  • passer de l’intergénérationnel à l’innovation. 
  • me remettre d’un burnout post écriture.
  • trouver des sujets d’articles pour mes blogs
  • identifier des sujets de vidéos pour mes chaines youtubes
  • sélectionner des sujets d’ouvrages à écrire en français et anglais
  • débloquer mon syndrome de la page blanche pour terminer une série d’article 
  • me lancer dans l’écriture d’un livre auquel mon activité quotidienne m’empêchait de penser 

Comme vous le voyez j’ai fait des creative break pour 2 raisons principales : résoudre un problème ou imaginer l’avenir. 

Apportez du matériel créatif 

Idéalement vous devez avoir déjà identifié les ressources nécessaires  à votre creative break. Rappelez-vous, il s’agit d’une semaine d’inspiration, pas d’une semaine de recherche. 

Lorsque je pars durant cette semaine créative, je dispose de 2 sources d’inspiration et d’un carnet.

Les sources d’inspiration sont d’abord les notes Evernote que j’ai collecté entre deux creative break. J’ai un notebook spécifique appelé « Idées » que j’utilise pour mettre les articles et idées qui ne me sont pas utiles immédiatement.

Pour le carnet, il s’agit évidemment d’un Moleskine. Depuis leur renouveau en 2003, j’en ai rempli des dizaines. Je les utilise pour griffonner mes idées, faire les plans de mes articles ou y lister mes to-do-lists. 

Planifiez des activités complémentaires

Évidemment, être créatif ne signifie pas de se lever pour aller s’assoir à un bureau et y passer toute la journée. Il ne s’agit pas non plus de lire dans un canapé ou de passer ses journées à se promener. Il faut un juste équilibre. Prévoyez de vous prendre du temps pour faire de l’exercice, méditer ou pratiquer du yoga. 

Mettez un plan à exécution

Votre creative break doit-être utile et constructif ! Il ne s’agit pas de rajouter de nouvelles idées aux idées que vous avez déjà sans jamais les concrétiser.

Pour cela, passez la dernière demi-journée de votre creative break à prioriser vos idées, à lister les obstacles et risque d’échecs. Puis, à écrire un plan étape par étape de la façon dont vous allez mettre ces idées en place. Vous pouvez aller jusqu’à vous donner un délai de réalisation pour chaque idée. 

La salle de créativité Big Stache Room

La salle de créativité Big Stache Room

salle de créativité. Pour ce second « Innovation Expérience » qui analyse les grands sujets liés à l’innovation, je rends visite à Thierry Croix, co-fondateur de gotonextlevels ou G2LN, agence digitale spécialisée dans l’expérience salarié.
Je me suis donc rendu dans la banlieue sud de Bruxelles – à Rhode Saint-Genèse – pour visiter leur salle de créativité « la Big Stache Room » et poser quelques questions à Thierry sur les étapes à passer pour créer une salle comme celle-ci.

La big stache room, la salle de créativité belge

Les 6 chapeaux de la créativité d’Edward de Bono

Les 6 chapeaux de la créativité d’Edward de Bono

Le best-seller de Edward de bono « Les 6 chapeaux de la créativité » vient d’être réédité pour la 13e fois par les éditions Eyrolles
 
Edward de bono est un psychologue absolument incontournable sur le sujet de la créativité pour sa formulation de la pensée latérale en 1967 et bien sur ses « 6 chapeaux de la pensée » publiés en 1985.
 
La version des éditions Eyrolles est une traduction fidèle de la version de 85 en plus aérée. Il manque simplement dans la version française l’avertissement que le chapeau noir n’est pas seulement le chapeau du pessimisme mais le chapeau le plus important des six car il permet d’ancrer ses idées dans la réalité.
 
Ne vous arrêtez pas au texte, et donc aux exemples, qui datent un peu, notamment quand il cite Kodak ou un ami à lui Ron Barbaro, président d’une compagnie d’assurance, parti à la retraite dans les années 90. 

Les 6 chapeaux de la créativité, pour mémoire 

Blanc: Neutre et objectif : Quels sont les faits dons nous disposons ?
Ce chapeau symbolise la neutralité, l’objectivité et la collecte d’informations. Lorsque l’on porte ce chapeau, on se concentre sur l’analyse des données et des faits disponibles, sans émettre de jugement ni laisser ses émotions interférer.
Nous avons perdu 35% de parts de marché
 
Rouge: Le point de vue émotionnel : Que ressentez vous ?
Le chapeau rouge incarne les émotions, les intuitions et les sentiments. Lorsque l’on porte ce chapeau, on exprime librement ses émotions et réactions face à une situation ou une idée, sans chercher à les justifier ou à les analyser.
Notre produit est médiocre comparé à celui des concurrents
 
Noir : Risques et faiblesse d’une idée : Quels sont les risques ?
Ce chapeau représente la prudence, le scepticisme et la critique. Lorsqu’on porte le chapeau noir, on évalue les risques, les inconvénients et les obstacles potentiels d’une idée ou d’une décision, en adoptant un point de vue critique et prudent.
Si nous améliorons notre produit, les frais de fabrication vont augmenter
 
Jaune : Logique et optimisme : Quels sont les avantages et inconvénients ?
Le chapeau jaune symbolise l’optimisme, les avantages et les opportunités. Lorsqu’on porte ce chapeau, on cherche à identifier les bénéfices et les aspects positifs d’une situation, en mettant l’accent sur les chances de succès et les opportunités à saisir.
En augmentant la qualité, nous augmenterons nos prix 
 
Vert : Créativité et nouvelles idées : Quelles sont les solutions possibles, y compris les plus farfelues ?
Ce chapeau incarne la créativité, l’innovation et la génération d’idées nouvelles. Lorsqu’on porte le chapeau vert, on cherche à stimuler la pensée divergente et à proposer des solutions originales et innovantes pour résoudre un problème ou relever un défi.
Et si nous louions nos produit plutôt que de les vendre
 
Bleu : Réflexion et plan d’action : Comment organiser la mise en oeuvre de la solution?
Le chapeau bleu représente l’organisation, la synthèse et le contrôle du processus de réflexion. Lorsqu’on porte ce chapeau, on prend du recul pour examiner le déroulement de la discussion, coordonner les autres chapeaux et s’assurer que tous les aspects du sujet ont été abordés de manière équilibrée.
Externalisons la fabrication pour alléger nos frais de structures
 
En résumé, ce livre est un incontournable de la créativité, vous devez le posséder comme un dico ou un Bescherelle
 
Il est publié aux éditions eyrolles pour 20€ en papier, 14€ en numérique 

Comment utiliser les 6 chapeaux ?

Les 6 chapeaux de la créativité> Cette méthode de créativité peut-être utilisée seule. Dans ce cas, utilisez-la comme un parcours cohérent qui commence au chapeau blanc (faits) jusqu’au chapeau bleu (réalisation). Vous vous concentrerez ainsi sur une seule facette de la créativité à la fois.

> En équipe de 6, vos demandez à chaque membre du groupe de personnifier un chapeau particulier. Vous faites ensuite tourner les chapeaux toutes les 5 ou 10 minutes.

> En brainstorming, si vous jugez que l’un des membres est trop négatif (noir) ou factuel (blanc) ou émotionnel (rouge) etc,  demandez lui de prendre un autre chapeau pour l’aider à changer de point de vue.

En somme, les 6 chapeaux de la créativité offrent une méthode puissante et polyvalente pour stimuler la pensée créative, améliorer la prise de décision et résoudre des problèmes complexes. En encourageant les participants à aborder un sujet sous différents angles et à explorer toutes les facettes d’une situation, cette approche favorise une compréhension plus profonde et nuancée des enjeux, tout en réduisant les risques de conflits et de blocages. En adoptant les 6 chapeaux de la créativité, vous pouvez libérer votre

potentiel créatif, dépasser les schémas de pensée traditionnels et construire ensemble des solutions innovantes et durables pour relever les défis du monde d’aujourd’hui et de demain.